L'entrée sur le marché britannique – premier hors des États-Unis – n'est pas surprenante, tellement les usages « sans contact » y semblent désormais ancrés dans les habitudes des citoyens, même si leur support favori reste la banale carte en plastique. Naturellement, le fort taux d'équipement des commerçants en terminaux immédiatement compatibles avec la technologie de Google est un autre facteur d'attraction du pays. Finalement, la seule limitation observée est plutôt du côté des banques, de grandes enseignes telles que RBS et Barclays étant absentes des partenaires initiaux.
La maturité des consommateurs a peut-être également joué dans la décision de Google d'introduire un mode de fonctionnement spécifique pour nos amis d'outre-Manche. Ainsi, alors que sa version américaine demande un déverrouillage du téléphone ou un contrôle d'empreinte digitale (comme avec Apple Pay sur l'iPhone) avant d'effectuer une transaction, les anglais pourront payer tous leurs achats de moins de 30 livres sterling (soit l'immense majorité des opérations) d'un simple « tap », sans aucune autre action, exactement comme ils le font aujourd'hui avec leur carte bancaire.
Le progrès peut paraître marginal mais il est probablement essentiel pour l'adoption du paiement sans contact sur smartphone. En effet, il est totalement illusoire d'espérer convaincre un individu d'abandonner un outil qui fonctionne parfaitement, qui répond précisément à son besoin et dont il a l'habitude si le substitut qui lui est proposé n'est pas au moins aussi facile d'utilisation (sachant qu'il est, hélas pour les innovateurs, quasiment impossible de faire plus simple que la carte). Cet obstacle est donc enfin levé.
Le succès n'est pourtant pas garanti, car les craintes pour la sécurité de leurs instruments de paiement, dès lors qu'il n'y a plus de barrière à leur accès, pourraient freiner les ardeurs des consommateurs. Le risque est certes comparable dans le cas de la carte mais cette dernière est généralement beaucoup moins exposée, rangée dans une poche ou au fond d'un sac, qu'un téléphone mobile, qui est constamment entre les mains de son propriétaire. Les comportements seront intéressants à observer…
Dans un registre différent, qui confirme toutefois la détermination inébranlable de Google à prendre position dans les paiements via mobile, Android Pay devient maintenant aussi capable de remplacer la carte dans les automates bancaires (uniquement ceux de Bank of America, pour l'instant), toujours sans changer l'expérience utilisateur. Dans ce cas, l'objectif est évidemment de rendre l'application universelle et d'en faire une nouvelle habitude qui relègue son ancêtre en plastique aux oubliettes…
Quand, presque simultanément à l'actualité de Google, cinq des grandes banques françaises nous annoncent l'ajout d'une option de paiement sans contact sur smartphone à leur initiative Paylib (au fait, quelqu'un utilise Paylib ?), on rêverait que les leçons du géant de l'internet soient entendues, comprises et intégrées. Je dois avouer que, au vu de la communication focalisée sur les évolutions techniques (HCE et tokenisation…), je suis pessimiste : je crains fort que nous n'assistions à une énième implémentation identique à toutes les précédentes et (logiquement) pas plus concluante.