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Café Society, de Woody Allen

Par La Nuit Du Blogueur @NuitduBlogueur

Note : 3/5 

Les lumières s’éteignent, l’écran devient noir, puis les premiers mots apparaissent en police d’imprimerie sur une musique de jazz, bientôt suivis du casting (toujours présenté par ordre alphabétique). Nous sommes bien devant le nouveau film de Woody Allen. Nous sommes en droit de nous demander comment le bonhomme, avec un film par an depuis les années 70 (50 films au compteur), arrive encore à nous surprendre. Car oui, si la constance dans la qualité de ses films n’est pas le principal trait de caractère de Woody, capable du meilleur (Annie Hall, La rose pourpre du Caire, Meurtre mystérieux à Manhattan, Minuit à Paris,…) mais aussi du pire (Celebrity, Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, …) il arrive quand même à chaque fois à nous surprendre.

Café Society 2

Copyright Gravier Productions, Inc. – Sabrina Lantos

Situé dans les années 30, le film se déroule entre New York et Los Angeles en plein âge d’or hollywoodien. Bobby Dorfman décide de quitter New York pour Hollywood où son oncle y tient l’une des plus grosses agences de stars et où il espère bien faire son trou. A peine débarqué, il rencontre Voonie, l’assistante personnelle de son oncle et tombe immédiatement amoureux. Malheureusement, celle-ci en pince pour un homme marié. Mais suite à une déception amoureuse, Voonie tombe finalement dans les bras de Bobby jusqu’au jour où l’homme marié, qui n’est autre que l’oncle de Bobby, quitte sa femme pour épouser Voonie. Bobby quitte alors Hollywood la déception au cœur, rejoint New York où son frère gangster possède un bar. Il y fonde un grand café où bientôt toute la société mondaine se bouscule.

Woody Allen aime cette période et ça se sent : l’ambiance jazz qui s’en dégage, la société mondaine hollywoodienne, fascinante et ridicule à la fois, le New York de ces années là. Le réalisateur de 80 ans passés s’en donne à cœur joie et s’amuse comme un gosse. Le film est à la fois élégant et extrêmement jovial. Le film est construit de façon très romanesque. On suit Bobby dans son aventure hollywoodienne et ses déboires amoureux. Au fil des rencontres, le film s’attarde sur tous les personnages, ne privilégiant pas une intrigue par rapport aux autres, si bien que la colonne vertébrale du récit qu’est l’histoire de Bobby se retrouve sur un pied d’égalité avec les intrigues secondaires, comme celle de la sœur de Bobby qui a demandé à leur gangster de frère de faire peur à son voisin qui met sa musique trop fort à son goût. L’intrigue peut donc paraître éclatée mais c’est le principe de ce film, tranche de vie d’une famille new-yorkaise dans les années 30.

Le ton est doux, et même si l’on retrouve la malice de Woody Allen dans les dialogues tous plus savoureux les uns que les autres, il se fait bien moins incisif dans ses propos que dans certains de ses autres films. Il ne s’agit jamais de se moquer ouvertement, car si Woody Allen trouve superficielle cette société mondaine, il éprouve une certaine fascination voire une admiration pour celle-ci. Nul doute que Woody Allen est un grand admirateur de l’âge d’or hollywoodien. De même, lorsqu’il s’amuse à marier son personnage Bobby avec une belle blonde nommée Veronica, c’est-à-dire le véritable prénom de Voonie, son ancien coup de foudre, il le fait avec une extrême tendresse. Bobby n’a jamais oublié son amour pour Voonie, si bien qu’il a épousé sa version new-yorkaise. Le personnage préfère rire de cette coïncidence et la partage même avec sa femme, la rendant complice de la comédie de sa vie. Car comme le dit Bobby, la vie est une farce, écrite par un auteur sadique.

Mais la véritable surprise du film se situe ailleurs. En effet, pour la première fois, Woody Allen fait appel à Vittorio Storaro, directeur de la photographie pour Bertolucci (Le Conformiste, Le dernier tango à Paris, Le dernier Empereur…) et oscarisé pour Apocalypse Now de Coppola. Le ton est donné dès la première image avec un plan magnifique à la grue où l’on suit le personnage de Phil (l’oncle de Bobby) dans sa villa lors d’une soirée mondaine. On connaissait le goût de Woody Allen pour les cadres travaillés et la précision de la mise en scène, mais cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas autant amusé. Il apporte une nouvelle ampleur à sa mise en scène et cette expressivité dans les mouvements de caméra sied très bien à son film.

Café Society 2

Copyright Gravier Productions, Inc. – Sabrina Lantos

Finalement, entre Coup de feu sur Broadway, Minuit à Paris et La rose pourpre du Caire, ce Woody Allen est plutôt réjouissant, même si l’on ne peut pas affirmer qu’il joue dans la cour des grands, faute peut-être d’un manque de profondeur ou d’un réel propos au film. Ce film d’ouverture du 69ème festival de Cannes met de bonne humeur et se laisse regarder avec beaucoup de plaisir et une gourmandise non coupable.

Anatole Vigliano

Film en salles depuis le 11 mai 2016


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