Equateur : un mois après le séisme, 32 000 personnes vivent encore dans des refuges

Publié le 18 mai 2016 par Cmasson

Des moyens de subsistance gravement affectés

Le secteur agroalimentaire peine à se redresser après le tremblement de terre du 16 avril : les infrastructures ainsi que la chaine de distribution ont été fortement impactés par le séisme. Malgré tout, le prix du panier moyen n’a pas subi de forte variation jusqu’à présent. En revanche, l’élevage des crevettes, qui représente dans certaines zones le principal moyen de subsistance des populations, a été fortement déstabilisé.

« De nombreuses personnes travaillent dans ce secteur. Or, la majeure partie des bassins d’élevage ont été détruits ou endommagés : murs fissurés, tuyaux et pompes rompus » explique Maximiliano Verdinelli, responsable des programmes en sécurité alimentaire pour Action contre la Faim. Les personnes employées dans ces élevages vont devoir faire face à 3 ou 4 mois de chômage, le temps que la production puisse reprendre complètement. De nombreuses familles venant d’autres zones du pays et qui travaillaient dans ce secteur ont été contraintes de repartir dans leur ville d’origine. Par ailleurs, la détérioration des voies de communication a affecté le secteur touristique, avec un impact direct sur l’économie locale.

Pas de retour dans les zones affectées pour le moment

La reconstruction des villes sévèrement endommagées, comme Pedernales, risque d’être longue. Un grand nombre d’infrastructures ont en effet été complètement détruites. « Celles qui sont partiellement abîmées devront être entièrement démolies puis reconstruites. Les zones les plus affectées par le séisme ne sont pas habitables à court terme » ajoute Maximiliano Verdinelli. « Nous aurons besoin d’au moins un mois pour évaluer précisément les impacts du séisme sur les moyens de subsistance des populations. Le rétablissement de l’activité économique d’une partie de la population est impossible sur le court terme » conclut-il.

Les équipes d’Action contre la Faim présentes sur le terrain ont pu observer que les populations ayant perdu leurs sources de revenus mettent en place des stratégies de survie : revente de ferraille, ouverture de petits commerces, vente des crevettes encore présentes dans les bassins d’élevage, migrations vers d’autres zones du pays. « Le lancement d’un plan d’action pour parvenir à un redressement rapide est primordial afin que des milliers de familles puissent stabiliser leur situation » souligne  Maximiliano Verdinelli.

L’intervention d’Action contre la Faim

« L’aide humanitaire internationale se concentre sur la réponse aux besoins en eau et assainissement, en logement, en santé et en nourriture. Dans les refuges temporaires, il est nécessaire de couvrir les besoins de base des populations affectées » continue Maximiliano Verdinelli.  

Au-delà de l’approvisionnement des refuges en eau, Action contre la Faim travaille également à la conception d’un programme de protection sociale orienté sur les transferts monétaires. L’ONG souhaite faire en sorte que les populations les plus vulnérables puissent disposer de moyens économiques. « A moyen terme, nous souhaitons mettre en place des activités de redressement rapide orientées vers le renforcement du capital humain, financier et fiscal. Pour cela, des actifs productifs devront être distribués afin de fournir, protéger ou créer des moyens de subsistance » explique Maximiliano Verdinelli.

Une réponse insuffisante des bailleurs de fonds

Suite à l’appel au don de 72.7 millions de dollars du Gouvernement équatorien et des Nations Unis afin de répondre aux besoins de 350 000 personnes au cours des trois prochains mois, l’implication de la communauté internationale reste insuffisante. « La communauté internationale peine à se mobiliser, et ce retard peut mettre en péril le rétablissement de la population affectée » avertit Benedetta Lettera, responsable géographique pour Action contre la Faim, en charge de l’Amérique Latine.  


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