" Le campement du quai de Jemmapes est installé depuis une semaine et grossit chaque jour. L'hébergement des migrants qui y sont présents ne doit pas tarder, mais cette situation montre surtout que l'État doit changer son système de prise en charge des réfugiés arrivant dans notre pays. C'est ce que nous avons demandé avec Anne Hidalgo après la dernière opération de mise à l'abri réalisée à Stalingrad. "
Nous espérons que rares seront ceux qui prennent ce vœu pour autre chose que ce qu'il est réellement : une mascarade !
En effet, la plupart de ceux qui aident ces humains sont des riverains, des soutiens et des assos non subventionnées qu'État et Mairie tentent d "épuiser en saisissant et détruisant depuis un an tout ce qu'ils s'échinent à collecter pour soutenir les migrants : duvets, couvertures, tentes.
M. Féraud fait mine de réclamer de l'aide de l'État, mais il est le premier à détruire une aide fragile qui ne coûte RIEN à ceux qui refusent leur mission d'accueil et d'asile...
Le Parisien - 16 mai 2016
Ils n'étaient qu'une dizaine il y a encore deux semaines. Les réfugiés afghans seraient désormais entre 100 et 150 à vivre dans un village de tentes qui ne cesse de grossir, sur le quai de Jemmapes (X e), en contrebas de la rue Louis-Blanc.
Et les occupants de ce nouveau campement -exclusivement des hommes, pour la plupart âgés des moins de 25 ans- semblent déjà se préparer à une occupation de longue durée.
"Il y a des gens de la mairie qui sont déjà passés les voir ", commente un jeune homme, afghan lui aussi mais en situation régulière à Paris, qui aide ses compatriotes de plus en plus nombreux au bord du canal Saint-Martin. "Mais on leur a dit qu'après les évacuations qu'il y a eu un peu partout à Paris, il n'y avait pas de place pour eux dans les centres d'hébergement ", ajoute t-il.
Difficile de connaître le parcours de ces migrants. Certains indiquent être passés par des campements illégaux de la capitale et notamment Stalingrad, à proximité. D'autres auraient déjà fait plusieurs aller-retours entre Paris et Calais (Pas-de-Calais). D'autres encore viennent d'arriver en France et ont été aiguillés vers le canal Saint-Martin par leurs compatriotes déjà présents dans les environs de la gare de l'Est.
Le camp grossit de jour en jourLes habitants du quartier qui voient ce nouveau camp se structurer et s'étendre de jour en jour avouent un sentiment d'impuissance en même temps qu'une impression de "déjà vu ". En 2010, des réfugiés afghans (dont certains mineurs) s'étaient déjà installés sur le quai de Jemmapes dans la foulée du mouvement des Don Quichotte. Leur campement était resté en place plus d'un an avant d'être démantelé.
"Je ne peux pas dire que je suis ravi de voir à nouveau des tentes presque en bas de chez moi ", reconnait un quadragénaire qui passe sur le pont Louis-Blanc à vélo. "Mais la situation dans leur pays est tellement grave... On peut comprendre les migrants." En dessous du pont, dans le " village " où les tentes bulles sont déjà à touche-touche, la situation est calme. Mais la tension avec le " voisinage " est palpable.
En témoigne, l'incident qui éclate quand des migrants s'emparent de cartons dans une benne à déchets, sous les yeux d'un groupe d'employés municipaux du service propreté. " Reposez ça, c'est interdit ", ordonne l'un d'eux. Jan, un jeune Afghan qui travaille comme traducteur pour la mairie de Paris, tente de plaider pour les réfugiés. " Ils viennent d'Afghanistan ? Eh ben, qu'ils y retournent ! ", rétorque un agent. La bagarre n'est pas loin.
"On est dans la répétition de la situation du camp de Stalingrad ( NDLR : d'où 1600 migrants ont été évacués le 2 mai dernier) ", estime Rémi Féraud, maire (PS) du X e. "Cette nouvelle installation nécessite une opération de mise à l'abri urgente. Plus elle tarde, plus le nombre de personnes à prendre en charge va augmenter ", estime l'élu qui réclame, à l'instar d'Anne Hidalgo, un changement de système pour l'accueil des migrants.
Nikita, l'un des soutien de la première heure des migrants, était hier au petit matin, comme souvent, auprès des migrants. Témoignage brut de décoffrage.
En arrivant ce matin, je tombe sur Karim les yeux cernés de fatigue. " R.A.S " ... La nuit a été courte pour ce soutien de la première heure qui a veillé le campement en prévention d'une éventuelle énième tentative de dispersion des migrants par les " zélotes poulaillères ". Ce camp est bien trop " visible " pour " not'maire d'Paris " qui n'a eu qu'a poser ses fesses sur le coussin encore chaud de son prédécesseur pour s'embourgeoiser...
Sur le campement les tentes s'agrègent et des bâches se sont tendus au dessus d'elles pour résister aux pluies. Les premiers réfugiés levés sont déjà à leurs toilettes. Et ce sera le départ sans petit déj' vers une journée d'errance entre les différentes missions quotidiennes : rester propre, trouver une nouvelle paire de pompes, un sac de couchage ou tenter de se faire soigner aux urgences les plus proches... ou tout autre nécessité vitale dont ils sont totalement dépourvus sur ce coin de square parisien. Les premiers soutiens de jour n'arriveront que plus tard avec leurs Thermos de boissons chaudes et leurs viennoiseries industrielles.
Jemmappes... S'agrandit.
Alors on a bougé sur l'autre campement situé seulement à quelques centaines de mètres d'Éole, qui lui est celui dit " des Afghans " .
Ils sont eux blottis le long du quai de Jemmappes... Même ambiance que sur Éole à ceci près qu'ils n'y ont mème pas accès à l'eau. Chaque jour quelques tentes supplémentaires s'y montent au grès des arrivées... A la différence des africains de l'est bien plus meurtris du climats, les Afghans nous accueillent avec le sourire. C'est un aspect fondamental de leur culture asiatique que le sens de l'accueil, même si dans leur dénuement ils n'ont plus qu'un sourire à offrir.
Karim rentre se coucher.
Moi, je me suis gardé le " meilleur " pour la fin de ce bulletin texto :
Le 127 blv. de la Villette, à l'angle du quai de Jemmappes.... Visage officiel de l'accueil des réfugiés à Paris.
A mon arrivé ( 6h40 ) ils étaient déjà 153 a former une queue sur le trottoir, dont la moitié encore endormis à même le sol dans un patchwork de cartons, matelas souillés, sacs de couchages et autres couvertures de survies étincelantes.
A l'heure ou je tapote cette phrase, c'est une bonne centaine de personnes en plus qui se sont rajoutés en trépignant de froid dans la file d'attente. Et il n'est QUE 7h30.
France Terre D'Asile n'ouvre ses portes qu'à 9h. Vendredi ils étaient alors plus de 400 devant cette adresse....
Ce matin, une seule différence notoire: un ruban plastique jaune hachuré de stries noires divise le trottoir et " contient " cette queue de misère le long du bâtiment afin de laisser un passage au piétons.
Ce trottoir avec son ruban forment ici le seul dispositif d'accueil officiel pour les réfugiés primo-arrivants...
Paris ville refuge?
France terre d'asile?
" L'appel d'air " a remplacé le cerveau de nos " responsables " politiques par du vide. "