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Boko Haram : 9 millions de personnes en danger au Lac Tchad

Publié le 17 mai 2016 par Leblogpolitique

Une zone d’Afrique défavorisée, où les populations sont à la traine du développement par manque d’eau, d’assainissement, de vivres… Mais un terrain de chasse et de conquêtes pour les islamistes nigérians de Boko Haram. Le Lac Tchad est au carrefour de 4 pays : le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigéria. En 2015, Boko Haram a prêté allégeance à l’organisation État Islamique et considère désormais la région comme la « Province ouest-africaine de l’Organisation de l’État islamique ».

Le Lac Tchad, zone théâtre d’atrocités

Le bassin du lac Tchad fait l’objet de toutes les attentions de l’ONU qui tire la sonnette d’alarme et indique la nécessité d’une intervention humanitaire, à minima alimentaire au profit des populations locales. C’est plus de 9 millions de personnes qui sont en danger dans une zone en crise dont la situation dramatique ne cesse de croître.

Le conflit avec Boko Haram a engendré « la plus grande crise de déplacés en Afrique » ; l’agence onusienne parle de 2,4 millions de populations qui ont été obligées de fuir les attaques régulières, les massacres, les expéditions punitives, les pillages, les violences, les exactions des rebelles. Mais pas seulement puisque les mesures de luttes gouvernementales ont abouti à freiner net les échanges commerciaux qui avaient cours dans la région.

Évacuation des zones, restrictions de circulations, interdiction de commercer… Autant de facteurs d’aggravation de la situation d’insécurité alimentaire qui touche les centaines de milliers de villageois et paysans.

Les déplacés du Lac Tchad en situation précaire

Au Cameroun, on dénombre environ 61 000 réfugiés nigérians, ainsi que 158 000 déplacés internes. Au Tchad,  6 300 réfugiés et 43 800 déplacés tchadiens. Au Niger, c’est plus de 300 000 réfugiés, déplacés internes et rapatriés nigériens qui se massent dans le sud du pays, à Diffa. Tous les rapports et comptes rendus sont dramatiquement quasiment tous identiques : conditions sanitaires précaires, épidémies récurrentes, malnutrition…

Les populations déplacées de force sont accueillies dans des conditions difficiles puisqu’elles fragilisent par la même occasion les régions hôtes : ressources limitées, manque d’eau potable, accès aux soins quasi inexistants, insécurité, économie au ralenti ou tout simplement à l’arrêt.

Une « violence qui est venue aggraver une crise déjà ancienne » selon la responsable des programmes de MSF au Nigéria qui poursuit en expliquant que « cette région souffre de pauvreté, d’une vulnérabilité extrême, d’insécurité alimentaire, d’épidémies récurrentes (…) »

Une mobilisation internationale se dessine a

Prélude au sommet humanitaire mondial qui aura lieu en Turquie les 23 et 24 mai, le secrétaire adjoint aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d’urgence de l’ONU va entamer cette semaine une tournée de quelques jours entre le Nigéria et le Niger. Par delà la situation humanitaire particulièrement préoccupante, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont fait une déclaration ce vendredi mettant en exergue les liens entre Boko Haram et l’État Islamique qui sont pour le moins alarmant et en tous les cas compromettent « la paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale ».

La mise en place d’un plan d’urgence pour le bassin du Lac Tchad est importante et devient urgente car peu d’ONG sont présentes, alors que le conflit a déjà fait plus de 20 000 morts. « La sécurité est un obstacle majeur à l’assistance dans cette région » explique un chef de mission de MSF, un des principaux acteurs humanitaires et observateurs sur place, qui estime en outre que la situation ne cesse de se dégrader par une violence en escalade, principalement entre le gouvernement nigérian et l’organisation Boko Haram.

Une action internationale oui, mais…

Des esquisses d’actions, des prémisses d’interventions internationales, d’acheminement d’aides humanitaires, mais en tout cas trop peu d’acteurs privés dans ce bassin Africain où l’insécurité et la violence règnent aux côtés de la pauvreté et du malheur et où les quelques ONG présentes viennent aussi en aide aux autorités et administrations qui les accueillent.

Une intervention au niveau onusien serait la bienvenue, et peut-être même plus de l’OUA, mais cela ne pourra se faire qu’au prix de l’acceptation par les gouvernements des pays concernés d’une intervention extérieure, ce qui n’est pas forcement vu d’un bon œil dans ces « démocraties africaines » bien trop fières parfois et qui ont souvent déjà fort à faire pour se maintenir au pouvoir.

photo : europe1.fr


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