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"Si majestueux soit-il, ce paysage me laisse de marbre. Après tout, pourquoi devrait-il m'émouvoir? Si vaste, si bleu, si infini, si plein de promesses que soit le ciel, il est aussi très loin... En réalité, tout ça n'est qu'une illusion. J'ai perdu mon temps. Nous avons tous perdu notre temps. A quoi bon ces promesses, si elles ne sont pas tenues? Qui voudrait vivre dans un monde où seule la souffrance perdure? Qui saurait se contenter d'un endroit où tout ce qui a du sens pour vous peut vous être arraché en un instant? Et le sera, vous pouvez en être certain. Si vous avez de la chance, votre vie se dégradera lentement sous les effets dévastateurs de l'âge, ou finira par disparaître comme les glaciers qui ont sculpté cette terre avant que vous ne vous retrouviez là, seul, à essayer d'en déblayer les décombres. Mais si vous n'en avez pas, votre monde vous sera retiré tel un tapis sous vos pieds, et vous vous retrouverez au-dessus du vide, sans nulle part où aller et rien pour vous raccrocher à la terre ferme. D'une façon ou d'une autre, vous êtes foutu. Alors, à quoi bon vous emmerder? A quoi bon râler, suer à grosses gouttes et vous frayer un chemin à travers les larmes et les innombrables obstacles? A quoi bon aimer, rêver ou s'attacher si ce n'est que pour mieux prêter le flanc au désastre? Désormais, je ne réponds plus au chant des passereaux, je ne réponds plus à l'appel des visages souriants, des feux de cheminées, ou des endroits douillets. Aucune chance que je bâtisse d'autres nids parmi les boutons de roses. Il y a trop d'épines."
(extrait de "Les fondamentaux de l'aide à la personne revus et corrigés" de Jonathan EVISON, éditions Monsieur Toussaint Louverture; source illustration)