Geoffroy Roux de Bézieux I @Reuters/Philippe Wojazer
On le connaît actif dans le monde du numérique et plutôt impliqué dans l'entreprenariat parisien. Le voici provençal et dans le domaine agro-alimentaire. Geoffroy Roux de Bézieux, Monsieur Téléphonie qui a créé puis revendu ThePhoneHouse, qui a cédé Virgin Mobile en décembre 2014 à Patrick Drahi, désormais investisseur via sa société Notus Technologies, arrive en Provence à la tête d'Oliviers&Co, entreprise fondée par Olivier Baussan, fondateur de L'Occitane en 1996.Structurer le développement 2.0Installée à Mane, l'entreprise spécialisée dans l'huile d'olive et ses produits dérivés tels que condiments, vinaigres et autres préparations culinaires, était dirigée par Albert Baussan, l'oncle d'Olivier, jusqu'à sa disparition voici quelques mois. "Albert Baussan était très attaché à la pérennité de l'entreprise", résume Geoffroy Roux de Bézieux qui a partagé de longs échanges avec l'entrepreneur. Aujourd'hui Oliviers&Co dispose d'un réseau de 85 boutiques dans le monde, emploie 90 salariés et réalise un chiffre d'affaires de 30 M€ dont 60 % à l'export. Une part à l'international que celui qui est aussi vice-président du Medef compte bien faire progresser. "Avec l’actionnaire, nous avons la priorité de doubler notre chiffre d’affaire sur 5 ans, explique Erwann de Guichen, Directeur Général. Deux relais de croissance qu’il faut matérialiser nous semble évident. Le premier, c’est le développement à l’international au travers des deux zones géographiques que sont l’Asie et les Etats-Unis. Ces consommateurs étrangers sont avides de trouver nos produits. Le second, ce sont les outils digitaux 2.0 mis à disposition par les réseaux sociaux, mais aussi par tous les dispositifs qui offre l’opportunité de servir nos clients (vidéo, e-commerce, ouverture de siteweb et pédagogie de ces outils d’avenir". Les millésimes Oliviers&CoAujourd’hui, on parle de grands crus, de millésimes d’huiles d’olives, comme pour le vin. "Le millésime est l’ADN clé d’Oliviers&Co. C’est ce qui nous distingue, souligne Erwann de Guichen. Nous ne coupons pas les années entre elles. Comme dans le domaine viticole, nos huiles millésimées racontent une histoire, l’âme d’un terroir sur la définition d’une année". A chaque nouvelle récolte, Oliviers&Co crée une collection
d’huiles sur la base d’un cahier des charges rigoureux, d’une dégustation de chaque jus réalisé par Eric Verdier, Directeur Qualité et Création. "Eric Verdier
Oliviers&Co célèbre ses 20 ans I ©Oliviers&Co
possède un atout que peu d’hommes ont : le palais. Il a une grande capacité à sélectionner parmi 1200 échantillons les 30 meilleures huiles millésimés qui deviendront nos produits haut de gamme. Il incarne l’homme capable de donner une vision gastronomique à l’huile d’olive dans un monde où l’alimentaire et les produits gourmets ne s’entourent que des meilleurs professionnels". Sur ces 1200 échantillons adressés via les 300 moulins pressoirs répondant aux critères fixés, seuls 300 lots sont retenus pour dégustations. Derrière chaque lot des producteurs s’engagent à produire des huiles supérieures.Un marché en constante augmentationLe marché de l'huile d'olive reste un marché très spécifique parce ce que destiné essentiellement à la consommation. La production française, 5.000 tonnes par an, ne pèse que 0,14% d'une production mondiale, estimée autour des 3 millions de tonnes dominée par l'Espagne, l'Italie et la Grèce. La France consomme en revanche beaucoup plus qu'elle ne produit, près de 110.000 tonnes chaque année, ce qui la situe au 5e rang mondial. "La faible récolte de 2014 a toutefois créé des tensions sur le marché de l'huile d'olive mais l'année précédente, nous avons enregistré la plus grosse production mondiale d'huile d'olive de tous les temps, soit 3,4 millions de tonnes", explique le président de l'Association française interprofessionnelle de l'olive (Afidol), Olivier Nasles. Si le phénomène climatique a naturellement entraîné une hausse des prix sur un marché où la demande mondiale est en constante augmentation (2 à 5% chaque année), les experts s'interrogent sur la tentation espagnole de réduire l'offre en stockant davantage, afin de provoquer un effet spéculatif sur les prix. Les professionnels se montrent aussi sceptiques sur le rôle de la bactérie xylella dans la flambée actuelle des prix. "Nous estimons globalement à un million le nombre d'oliviers qui sont morts sur près de 110 millions d'arbres italiens. C'est grave pour l'exploitant qui est touché, mais cela n'a pas d'impact sur la filière de production", estime Olivier Nasles.Aubaine pour les huiliers mais aussi pour les cuisiniers, pour qui, parfois, un seul trait d’huile suffit à signer un plat, Olivier&Co a compris tout l’intérêt qu’il pouvait tirer de sa reconnaissance. A l’occasion de ses 20 ans, le fabricant a créé une huile issue du broyage simultané d’olives et de citrons cueillis verts d’Algarve. Une édition limitée à 3500 bouteilles (500ml). FG