La décision du Gouvernement national
de mettre la priorité sur le règlement de la totalité de la dette argentine a aspiré une
grande partie des trésoreries disponibles, mettant à nu de nombreux
programmes dans les entités fédérées, à commencer par ceux
concernant la culture.
C'est ce qui se passe aujourd'hui dans
la Ville Autonome de Buenos Aires où notamment la nouvelle Direction
de la Musique (1) a mis au régime sec tous les programmes lancés
par la gestion antérieure (celle de Mauricio Macri lui-même) (2) :
les théâtres, les salles de concerts, les ateliers municipaux mais
aussi de nombreuses milongas, des salles coopératives, des clubs de
quartier qui recevaient des subsides n'ont plus de programmation. Les
orchestres municipaux ne se produisent plus.
L'opposition, à la Legislatura, s'est
mis en tête de proposer des solutions pour que les artistes et les
administratifs puissent retrouver une activité et des revenus, mais
il est peu probable qu'elles soient adoptées, les musiciens
eux-mêmes ayant proposé cet été des activités tenant compte des
ressources budgétaires disponibles en pure perte. Ce matin,
Página/12 tire la sonnette d'alarme dans ses pages culturelles.
Par ailleurs, La Nación (journal de la majorité) se fait l'écho
d'inquiétudes qui se nouent en haut lieu concernant la participation
du public aux prochaines festivités du bicentenaire de la
Déclaration d'indépendance dans une cinquantaine de jours, le 9
juillet. Il semble qu'on ne soit pas prêt de voir à San Miguel de
Tucumán les foules heureuses et exubérantes qui avaient salué, le
25 mai 2010, le bicentenaire de la Révolution de Mai. Il est vrai
cependant que l'actuel Gouvernement, pour se démarquer des
enthousiasmes kirchneristes, avait misé sur la sobriété, or la
sobriété en matière de festivités patriotiques, ça n'est pas
très argentin !
Des échos viennent de m'arriver de
l'Intérieur : on me fait savoir que dans la Province de
Mendoza, dirigée par une équipe de Cambiemos, la plupart des musées
et des théâtres sont eux aussi fermés, faute de moyens pour les
faire fonctionner et les ouvrir au public. D'où une affiche qui est
très maigre depuis la rentrée de mars, dans tout le pays.
Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 sur la
direction portègne de la musique
lire l'article de Página/12 sur les
initiatives de la Legislatura
lire l'article de La Nación où quatre
historiens s'interrogent sur l'atonie du public et lui trouvent, dans
la socio-psychologie du pays, des explications surréalistes qui
écartent les très concrètes décisions gouvernementales qui
enlèvent à l'événement son caractère spectaculaire, festif et
donc éminemment populaire.
(1) C'est assez étonnant de constater
que le directeur antérieur, Diego Rivarola, n'ait pas été reconduit puisqu'il était
dans la ligne de Macri, prolongée par Horacio Rodríguez Larreta,
qui était son premier ministre municipal !
(2) Ajoutez à cela que le ministre de
la culture, Darío Lopérfido, est très impopulaire dans les milieux
de la culture, entre autres parce qu'il a tenu cet été des propos
négationnistes sur les crimes perpétrés sous la Dictature
militaire.