En 2013, mes collègues et moi avons été victimes d’un licenciement économique. Nous avons pris cette décision en pleine gueule, de manière violente, brutale. Derrière cette réalité tristement banale, évoquée chaque jour dans les médias sans que cela n’émeuvent plus grand monde, derrière les statistiques, se dissimulent des vies brisées.
A l’époque, j’avais entrepris la rédaction d’un nouveau polar. Mais, bien vite, j’ai éprouvé la nécessité d’exprimer mes maux par des mots. Exutoire ? Défouloir ? Sans doute, mais j’avais aussi l’ambition d’expliquer ce que vivent, ce que ressentent les chômeurs, de remettre de l’humanité au cœur de ce débat, de ne pas le réduire à une dichotomie entre actifs et « fainéants » ou « profiteurs ».
Je me suis donc inspiré de mon expérience et de celle de proches pour écrire l’histoire de Mathilde. On assiste à sa lente mais inexorable descente aux enfers, à sa mort sociale. Cadre supérieure qui se définissait par son travail, elle se retrouve du jour au lendemain larguée par sa société au nom du profit. Variable d’ajustement, au même titre que les stocks de marchandises ou les machines, ses certitudes volent en éclat le jour où elle perd son job. Les répercussions seront terribles, y compris sur la vie de ses proches.
Variable d’ajustement se veut un roman qui décrit la noirceur de notre société, engluée dans un individualisme forcené, dont la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » semble avoir été supplantée par « marche ou crève ».
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