Kaytranada « 99.9% » @@@@½

Publié le 06 mai 2016 par Sagittariushh @SagittariusHH
- Trip Hop/ Electro/ Alternatif

Kaytranada « 99.9% » @@@@½

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Il existe des producteurs discrets et peu bavards qui font parler d’eux par la forte admiration que suscite leur travail. Ils sont des milliers à réaliser des remixes qu’ils diffusent sur soundcloud, des EP sans prix bien souvent, à avoir l’opportunité de collaborer avec des noms influents ou émergents, mais seuls quelques-uns reviennent avec insistance et constance. Alors avec cette publicité gratuite on finit par s’y intéresser, la curiosité conduisant à écouter ces fameuses prods, et là tout s’enchaîne : on est happé immédiatement la vibe, le phénomène s’explique comme une évidence face à tant de talent, et puis à notre tour on devient le maillon de cette chaîne en relayant ces rares élus pour les soutenir jusqu’à l’arrivée tant désirée d’un album. 99,9% du chemin a été fait pour le canadien Kaytranada.

La plongée dans l’univers de Kaytranada est instantanée. Les premières notes de « Track Uno » ouvre notre esprit en « sonovision »,  la musique se projette dans notre tête comme de la lumière et des images. Excellente entrée en matière qu’un morceau de house qui met en avant le savoir-faire de notre serviteur en tant que DJ. Le morceau suivant est également un instrumental mais tout à fait différent, puisqu’on retrouve Karriem Riggins à la batterie et River Tiber dans une ambiance fanta-jazzy. Et Kaytranada n’en finit pas de nous ébahir avec une collaboration soul/r&b étonnante en compagnie de Craig David avec « Got It Good« , avec une voix féminine qui chante « lalala » en fond et enchante. En trois morceaux seulement, le producteur québécois joue dans plusieurs registres différents en maîtrisant parfaitement chaque sujet qu’il imprègne de sa touche personnelle, et c’est justement son style qui connecte le tout.

On avance de découverte en découverte avec un émerveillement qui peut rendre extatique à bien des occasions. Mais vaut mieux rester passif et laisser faire les choses. Des découvertes et aussi des retrouvailles parmi les personnalités avec qui il a collaboré et bâti sa réputation (Freddie Gibbs, Mobb Deep, Mick Jenkins…),  comme Vic Mensa, Anderson.Paak et Syd the Kyd ont renvoyé l’ascenseur. Anderson .Paak signe le brillant single qui a précédé la sortie de 99.9%, « Glowed Up« , dans un genre électro-soul surnaturelle tout à fait originale, « Drive Me Crazy » (feat Vic Mensa) possède une atmosphère mystique similaire. La voix de Syd nous trouble aisément sur « You’re The One« , toutefois pas autant que sur « Girl » (extrait de Ego Death de The Internet) qui avait placé la barre très haut. Le mariage à trois avec l’anglaise AlunaGeorge et Goldlink semble naturellement réussi (le « plus si affinité » avec l’électro), un grand ‘oui’ aussi pour la prestation impeccable de Phonte sur « One Two Many« , lui qui pousse les barrières de la nusoul et la house avec les Foreign Exchange.

Le pouvoir de Kaytranada n’est pas simplement d’inviter des artistes d’horizons différents sur une base de soulful house, ça, il sait le faire les doigts dans le nez comme pour le final « Bullets » avec Little Dragon. Notre nouvelle coqueluche a de sérieux arguments pour occulter Caracal des Disclosure. Comme il a réussi à incorporer des éléments jazz sur « Bus Ride« , il retente une autre expérience avec les petits génies de BadBadNotGood pour livrer un ensemble trip hop aérien avec « Weight Off« , le zen à l’état pur. Les morceaux instrumentaux ne ménagent pas non plus notre enthousiasme puisqu’ils témoignent de l’oreille de Kaytra pour le sampling, plus spécialement « Lite Spot » qui va incendier les clubs et « Breakdance Lesson N.1« , un clin d’oeil aux beats hip hop qui espérons-le aura des suites.

99.9% ne représente pas que le pourcentage d’achèvement de ce premier opus, mais aussi le le taux estimé d’auditeurs  très satisfaits. C’est un album easy listening qui s’écoute partout, en voiture, chez soi, n’importe quand, le matin au réveil, en soirée, la nuit… Et même quand on ne l’écoute pas, notre cervelle rejoue des titres de mémoire.