Ces dernières vingt-quatre heures ont été déterminantes pour la France puisque grâce à ses administrations performantes et son élite politique au taquet, le pays vient une nouvelle fois de se ménager de vraies solutions opérationnelles pour son avenir.
Prenez le frétillant Arnaud Montebourg.
Oui, celui-là même qui, après avoir quitté si bruyamment son extraordinaire ministère du Dressement Reproductif que ce dernier avait disparu avec le bouillant ministre, s’était déclaré en retraite définitive de la vie politique et s’était décidé à tenter la vie monastique (ou au moins, à faire vœu de silence médiatique) en devenant vice-président du conseil de surveillance de la chaîne Habitat, puis en obtenant un siège au comité d’orientation stratégique de la société Talan.
Avec de tels voeux et une telle retraite, on pouvait parier (cher) sur un retour rapide dans les pages people puis politiques de tous les journaux français, de Closer à Libération. En s’acoquinant avec Orélifilipéti, l’onomatopée gouvernementale virée en même temps que lui, il s’était assuré une belle présence dans les feuillets roses de Closer. Ne lui manquait plus que les cahiers politiques des quotidiens nationaux : ce lundi, avec sa ridicule ascension du Mont Beuvray, ce fut chose faite.
La gauche était en péril, les primaires approchent et il fallait au moins ça ! Pensez donc, en face, à droite, ils ont Juppé, la division panzer du retournement de veste, l’acrobate des bottes en cuir, le génie des mammifères invertébrés !
Qui, mieux qu’Arnaud, pour rassembler le parti autour d’un vrai programme alternatif à base de Cajoline socialiste et de Moraline gauchiste ? Qui mieux qu’un ex-ministre bouillonnant, lourdé pour indiscipline et incapable de présenter un bilan solide, pour montrer à tous le sens de l’ordre et de la mesure ?
Et puis, il faut bien quelqu’un pour rassembler ces frondeurs, depuis Hamon jusqu’à Bocquet ou Buffet en passant par Thévenoud, parce que, comprenez-vous, le communisme des uns et le dogmatisme socialiste des autres représentent la seule voie d’avenir pour un pays dont le turbo-libéralisme assumé l’a poussé à s’endetter à près de 100% (c’est super-libéral !), à consacrer 57% de son PIB pour ses dépenses publiques (c’est ultra-libéral !), à prélever 1000 milliards d’impôts en 2017 (c’est giga-libéral !). C’est absolument limpide.
Synchronicité des éléments, alignement des astres, conjoncture favorable ? Difficile à dire, mais force est de constater qu’au moment où notre Arnaud National agitait ses frisettes et son œil pétillant dans le Morvan en surjouant sa modestie, une de nos plus fières administrations mettait le pied dans un des plats où la main de l’Homme ne s’était jamais aventurée.
On apprend en effet que l’URSSAF, sortant de son calme et de sa pondération pourtant si caractéristiques, décidait d’attaquer Uber pour travail dissimulé.
Dans l’un de ces raisonnements si subtilement stupide et si insidieusement destructeur auquel l’URSSAF nous a déjà largement habitués, cette aimable administration estime en effet que la plateforme qui permet de commander un véhicule pour une course est effectivement l’employeur des conducteurs de véhicules, et qu’elle doit donc verser les cotisations sociales correspondantes.
On commence comme ça, et on se retrouve, sans le vouloir, avec un pays redressé.
Et ça, en France, ce n’est pas possible : L’URSSAF n’est pas là pour ça, d’une part, et d’autre part, il ne faut pas oublier que si les individus continuent à se passer de ses services en s’en portant d’autant mieux, tout le monde finira par se rendre compte de sa nocivité.
Ce serait fort problématique. Bref : pour remettre les choses dans leur bon ordre, il était plus que temps que l’URSSAF agisse et casse les petites pattes d’Uber.
Entre Arnaud De Montebourg Du Redressement Qui Revient d’un côté et de solides administrations qui de l’autre pètent métaphoriquement les rotules de ceux qui refusent de payer le pizzo, la France vient, en l’espace de quelques heures, de retrouver de vraies solutions opérationnelles pour son avenir.
À en croire les médias, ce pays a obstinément choisi la voie de la répétition inlassable des tentatives passées, et ce, même devant les échecs qu’elles ont entraînés. Peut-être se dit-on qu’on n’a pas tenté assez, ou pas assez longtemps, ou pas assez loin, assez profondément ? Peut-être se dit-on que « cette fois, c’est différent », et cette fois est donc la bonne ? Peut-être, malgré des conditions initiales identiques, des procédés similaires et une tentative exactement calquée sur la précédente espère-t-on obtenir un résultat différent en ligne avec les espoirs qu’on a affichés haut et clair ?
Pourtant, lorsqu’on demande aux individus, lorsqu’on prend la peine d’aller parler à ces personnes qui composent le peuple et forment ce pays, personne n’est dupe : non, décidément, ce n’est pas en reproduisant les mêmes schémas surannés dont les défauts ont été largement identifiés qu’on parviendra à se sortir de l’ornière. La majorité, trop souvent silencieuse, semble donc lucide.
Malgré tout, les politiciens s’enferrent. Soutenus par des médias confortablement installés dans leurs habitudes et confits de subventions, les « nouvelles » solutions proposées défilent, identiques aux précédentes : les mêmes têtes se succèdent, bavant les mêmes slogans de projets tous plus alternatifs les uns que les autres et qui proposent pourtant tous de redonner les clefs du pays au peuple dont la caste politique est de l’aveu général maintenant complètement déconnectée, à grands renforts de social gluant et d’État invasif…
Pendant ce temps, en Suisse…