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Amertume: Majda en Août de Samira Sedira

Par Eirenamg

majda

Majda en août est un roman étrange, triste, mélancolique. Majda est l’ainée d’une fratrie d’un père Algérien et d’une mère tunisienne débarqués en France au lendemain de leur mariage dans les années 1960. Ils s’installent dans le Sud, dans une banlieue tranquille.

Majda est bonne élève, docile, elle aide sa mère, les voisines du quartier quand elles sont surmenées pour s’occuper des enfants, des courses. Mais à 12 ans, cette fan de littérature qui dévore les mots est rattrapée par son corps. A partir de cet instant, son frère Aziz et ses copains lui font vivre un enfer, car ils estiment qu’elle doit être invisible, plus obéissante.

Ce récit n’est pas un roman sur l’identité, mais plutôt sur le poids des non dits, du jugement des autres. Majda n’ose pas parler des brimades et de ce qui lui arrive, et cette absence de parole va avoir une conséquence radicale sur sa vie.

Peu à peu, cette volonté de faire comme si rien ne s’était passé comme lui demande ses parents, comme lui demande ses frères la rend folle.

On alterne le passé de Majda, son enfance, adolescence, vie de jeune femme et son présent de quarantenaire paumée. Les descriptions des rapports complexes avec sa famille, les brimades qu’elle subit font mal au cœur. C’est aussi la description de la folie, qui s’empare du personnage qui va de plus en plus loin pour chasser ses démons, son passé.

Le récit interroge sur la famille, la place de la femme, de son corps. Mais aussi sur les secrets de famille, le poids du jugement des voisins. Une atmosphère particulière se met en place comme dans un espèce de huit clos au sein de cet appartement familial où Majda retourne vivre.

Un récit dur parfois, sans concession, réaliste et à la fois par moment complètement dingue comme la séance chez le docteur. On a envie de protéger Majda, de la consoler, de lui dire de parler. L’auteur crée une empathie avec le personnage. Au départ, on ne comprend pas les réactions de l’entourage de Majda mais l’auteur laisse la parole aux parents dont le regard évolue au fil du récit.

Majda en août est un roman coup de point qui laisse un arrière gout âcre dans la bouche, mais qui permet de redonner la voix aux sans voix, de faire réfléchir sur la place de la femme. Donc découvrez Majda en août et voyagez au cœur de la folie.


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