Il représente 50 % des morts violentes chez les hommes et 71% chez les femmes. Etat d’urgence souvent difficilement détectable, même par les proches, le suicide pourrait être plus souvent évité; de nombreuses équipes travaillent à améliorer la détection du risque, chez les personnes exemptes d’antécédents psychiatriques comme chez les patients atteints de troubles bipolaires ou autres psychoses. C’est le cas de cette équipe de l’Indiana University qui identifie des prédicteurs objectifs du risque de tentative de suicide (TS) chez les femmes. Le point dans la revue Molecular Psychiatry.
Des biomarqueurs présents dans le sang, combinés à des applications basées sur des questionnaires vont pouvoir aider les cliniciens à identifier lesquelles parmi leurs patientes suivies pour troubles psychiatriques, sont à risque élevé de pensées suicidaires et de passage à l’acte. Un développement qui fait suite à une précédente recherche, qui avait également isolé des biomarqueurs et développé des questionnaires, dans le même objectif, mais pour les hommes.
Alors que les femmes ont moins de pensées suicidaires (mais un taux de TS plus élevé que les hommes), on a, curieusement moins étudié leurs facteurs spécifiques prédicteurs de risque, note l’auteur principal, le Dr Alexander B. Niculescu professeur de psychiatrie et de neurosciences.
· Des biomarqueurs sanguins spécifiquement féminins : En utilisant des méthodes similaires aux recherches précédentes, les chercheurs ont évalué régulièrement 51 patientes diagnostiquées avec des troubles psychiatriques comme le trouble bipolaire, la dépression et la schizophrénie, en notant précisément les visites durant lesquelles les patientes manifestaient, ou non, des pensées suicidaires. Chez 12 patientes chez qui de telles pensées ont été détectées, les chercheurs ont mené des analyses génomiques pour identifier les gènes dont l’activité était significativement différente entre les deux états, suicidaire et non suicidaire. Ces biomarqueurs candidats ont été ensuite » priorisés » via une approche reconnue puis validés sur des échantillons de sang provenant de 6 femmes qui s’étaient suicidées.
ØSi certains des biomarqueurs identifiés pour les Femmes correspondent à ceux identifiés chez des patients de sexe masculin, d’autres diffèrent, comme ceux qui sont impliqués dans les mécanismes liés aux réponses de l’organisme au lithium de certains médicaments psychiatriques, et les gènes impliqués dans les rythmes circadiens.
Des résultats qui soulèvent des questions intéressantes sur l’intérêt d’approches diagnostiques et thérapeutiques spécifiques, selon le sexe du patient.
· 2 questionnaires mis sous forme d’app ont également été développés à partir de mesures de l’humeur et de l’anxiété, des problèmes de la vie, de la santé physique et mentale, l’isolement social et le stress.
Un kit diagnostique à forte précision: enfin, les chercheurs ont vérifié l’ensemble de ce dispositif diagnostique (biomarqueurs + questionnaires) sur un échantillon de 33 patientes avec diagnostics psychiatriques. En combinaison, les biomarqueurs et les applications ont permis de prédire les pensées suicidaires avec une précision de 82% et les hospitalisations liées aux TS, avec une précision de 78%.
Il restera, concluent les auteurs, à vérifier ces taux de précision chez des personnes sans antécédent connu de trouble psychiatrique.
Source: Molecular Psychiatry 5 April 2016) doi:10.1038/mp.2016.31 Towards understanding and predicting suicidality in women: biomarkers and clinical risk assessment
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