La critique de Claude :
C’est une émission de France 5, la Grande Librairie de François Busnel, qui m’a donné envie de lire ce livre de souvenirs, dont l’auteur a un parcours peu banal. Il a choisi le nom très américain de Ted Morgan, mais il est né dans une grande famille aristocratique française.
Son père, officier des Forces aériennes françaises libres, est mort pour la France en 1943, et il a été élevé à New York par sa mère américaine. Diplômé de Yale, et journaliste dans un quotidien local, il reçoit l’ordre de se présenter à la caserne de Vernon (Eure). Il ne se dérobera pas, en souvenir de son père.
Il fait donc ses « classes », c’est à dire son instruction militaire de base, puis passe son brevet d’officier, afin de partir en Algérie où l’Armée française essaie difficilement de tenir les villes et le « bled ».
Il nous raconte la vie dangereuse des petits soldats dans les djebels, qu’il décrit de façon saisissante.
Cependant la guerre se déplace des campagnes vers les villes et notamment Alger : pour démontrer la faiblesse du pouvoir français en Algérie, le FLN décide de lancer une campagne de terreur à partir de la Casbah. L’Armée française réagit en redéployant vers Alger ses unités les plus opérationnelles, composant la Division parachutiste du Général Massu.
Notre jeune officier se retrouve à l’Etat-major du Général, ce qui va lui permettre de rencontrer certains acteurs significatifs de l’époque, et d’en percevoir les aspects les plus noirs comme l'usage de la torture.
Tout cela est évidemment passionnant, et mérite d’être lu ; on ne peut manquer cependant d’admirer le talent de notre journaliste franco-américain pour se trouver au bon endroit au bon moment. Quoiqu’il en soit, il a du courage, ce qu’il démontrera notamment en revenant en Algérie pour couvrir la guerre faite par l’OAS en 1962.
Ma bataille d'Alger, témoignage de Ted Morgan, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Alfred de Montesquiou - Editions Tallandier, 345 p., 20,50 €.