© « Le jardin des Délices », Prado à Madrid
Plongée dans les ténèbres, j’avais de plus en plus de mal à me mouvoir, tous ces bruits autour de moi, me faisait sursauter, bruit de pas, de planches, raclement. J’essayais d’avancer en faisant le moins de bruit possible pour ne pas me faire repérer. Mais ça devenait compliqué, j’étais terrifiée, je sentais des picotements et mes pulsations cardiaques étaient de plus en plus fortes.Seul l’instinct me guider, la fuite en avant pour sauver ma peau. Je ne savais pas ce qui se passait autour, je ne voyais pas plus loin que le bout de mon nez.
J’avais l’impression que la moindre respiration, mon souffle court résonnait dans le tunnel, j’allais être repérée c’est sûr. Il fallait que je continue à avancer coûte que coûte pour me cacher et survivre. Je ne voulais pas que ça se termine à nouveau, je voulais vivre même si j’en avais marre de cette petite vie étriquée, sous terraine inutile et nuisible. Je voulais revoir un jour, la lumière, ressentir le plaisir de dévorer un bon repas, d’humer et de sentir l’air sur ma peau. L’électricité statique qui parcourait chaque fibre de mon être. Cette cachette ne pouvait pas être un hasard, j’aurais du mourir tout à l’heure écraser comme un rat et j’avais réussi à filer donc la chance était avec moi. Il fallait qu’elle continue encore un peu.Il fallait que je garde espoir, j’allais m’en sortir, j’allais m’en sortir, continuer à avancer, ne pas se retourner, et ça allait aller.
Enfin, j’aperçu une faible lueur, ça devait être signe, je continuais vers celle ci. Je jetais un œil, d’abord prudemment, pour éviter de me faire repérer, je n’avais pas envie de reprendre ma cavale. J’étais fatiguée, il fallait que je me repose un peu, alors pourquoi pas à cet endroit si le lieu était sans risque. Un monde étrange se dévoila alors à moi, remplie de couleurs, de détails, un monde dingue me fixait posait contre le mur sur une toile. Cette explosion de couleur, de formes, s'imprima sur ma rétine et me figea sur place.
Un homme se tenait là, un peu plus loin, grave ; le visage fermé derrière 2 grands panneaux. Le pinceau levé, comme attendant l’inspiration. Il ressemblait à une statue. L’endroit était silencieux, l’odeur de peinture était très forte. Il se retourna soudain et me vit. Pas un son, ne sortit de sa bouche. Il me fixa intensément, je n’osais pas bouger, j’étais pétrifiée. Je fermais les yeux, je pensais ma dernière heure arrivée mais il ne se passa rien. Ouvrant un œil, je me rendis compte que l’homme me tournait le dos et était en mouvement. Je n’osais toujours pas bouger, mais pas à cause de la peur cette fois ci mais d’émerveillement. Il était en train de peindre là, sous son pinceau, je découvrais une petite créature, noire avec une queue. Une porte claqua, je repartis dans l’autre sens et repris ma route. M'éloignant de ce monde coloré, étrange que j'avais aperçu, ce jardin étrange d'aussi loin que mes petites pattes me portaient.
Ps: Merci Leiloona pour le défi autour de cette peinture.