Alors que près de 65 millions de personnes dans le monde sont atteintes de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), la maladie se cache fréquemment derrière » la simple toux du fumeur « . En effet, dans 80 % des cas, le tabagisme constitue la principale cause de la BPCO. De très nombreux fumeurs vont ainsi éprouver de vrais symptômes de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPCO) suffisants à en faire le diagnostic, mais ils ne seront jamais diagnostiqués. Cette étude de l’Université du Michigan, présentée dans le New England Journal of Medicine appelle donc à la fois à mieux détecter les patients à risque mais aussi à développer une prise en charge préventive et personnalisée.
La maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) est une maladie chronique caractérisée par l’essoufflement, la toux chronique et la production accrue de crachats. Elle comprend plusieurs conditions, dont la bronchite chronique et l’emphysème. On sait que des changements se produisent dans les poumons plusieurs années avant le diagnostic et que la maladie évolue lentement. Son aggravation se manifeste par des épisodes de toux plus fréquents, une respiration de plus en plus difficile et un essoufflement qui limite l’activité et réduit la qualité de vie. On sait qu’éviter l’exposition à la fumée du tabac, par tabagisme actif ou passif, permettrait de réduire considérablement le fardeau de la maladie, les 3 millions de décès liés et l’augmentation rapide de sa prévalence qui pourrait atteindre 30% dans les 10 années à venir
Cette nouvelle étude estime ainsi que les fumeurs, qui ne sont généralement diagnostiqués avec une maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), présentent pourtant des symptômes compatibles avec son diagnostic. Les chercheurs ont analysé les données de spirométrie et les symptômes respiratoires de plus de 2.700 participants, fumeurs actuels ou ex-fumeurs, et de personnes n’ayant jamais fumé. L’analyse constate que,
· près de la moitié des fumeurs actuels ou anciens connaissent (ou ont connu) des symptômes respiratoires de MPOC, ainsi qu’un risque accru de pics dans leurs symptômes, même si leurs poumons semblaient fonctionner normalement selon les résultats des tests de spirométrie. Cela signifie, qu’un nombre important de fumeurs actuels et anciens qui ne répondent pas aux critères de diagnostic typiques de la MPOC, tels que basés sur les tests respiratoires éprouvent pourtant les symptômes de la maladie.
· Ainsi, ici, les chercheurs identifient des symptômes respiratoires importants chez la moitié des participants fumeurs actuels ou ex-fumeurs, pourtant leurs tests peuvent être considérés comme normaux.
· Ces patients, enfin, ont fréquemment besoin de consulter et avec une fréquence similaire à celle des patients qui ont reçu le diagnostic de MPOC.
Revoir la définition de la BPCO ? La question se pose pour les patients fumeurs en présentant les symptômes mais aux tests respiratoires normaux. Car ces patients pourraient peut-être bénéficier de traitements bronchodilatateurs, par exemple. De plus, c’est un groupe de patients à risque très élevé d’évolution vers une BPCO diagnostiquée. Pourtant, à ce jour, les médecins ne disposent d’aucune recommandation spécifique de traitement.
Cette étude appelle donc à la fois à mieux détecter les patients fumeurs à risque mais aussi à développer, pour ceux d’entre eux qui présentent les symptômes, une prise en charge préventive et personnalisée.
Source: New England Journal of Medicine May 18, 2016 DOI: 10.1056/NEJMoa1505971 Clinical Significance of Symptoms in Smokers with Preserved Pulmonary Function
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