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Généralement, la région des grands lacs africains désigne quatre pays: l’Ouganda, le Rwanda, la RDC (République Démocratique du Congo) et le Burundi. Depuis l’indépendance des années 1960, les conflits meurtriers ne cessent de secouer cette région à cause des régimes dictatoriaux. Officiellement, la plus connue des tragédies reste d'abord, le génocide au Rwanda en 1994. Et puis, d'autres pages sombres tels que les massacres de 1972 et 1988 au Burundi, ensuite, la guerre sur le sol congolais, qui implique sept pays entre 1997 et 2003, la République démocratique du Congo, le Zimbabwe, l'Angola et la Namibie d'un côté, le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi de l'autre.
C'est une guerre sans précédent, qui emporte plus de six millions de vies humaines selon l’ONU (avec des crimes de guerre et des crimes de génocide selon le "mapping report" de cette même Organisation). La convoitise et la main-mise sur les richesses naturelles de la RDC est la première motivation de cette guerre. L'Histoire retiendra aussi que l'armée du général Paul Kagame aura été déterminante pour porter au pouvoir Laurent Désiré Kabila en 1997; et pour cause, le général rwandais James Kabarebe, bras droit de Paul Kagame, occupera les fonctions de Chef d’État-Major de l'armée congolaise durant les premiers mois. Enfin, les trente années de règne de Museveni en Ouganda qui dirige le pays avec une main de fer. Son régime était situé, il y a quelques années, entre la démocratie imparfaite et l’autoritarisme. Aujourd’hui, la régression est flagrante. La répression brutale monte d’un cran contre l’opposition et les journalistes subissant des menaces, particulièrement pendant la période électorale. L'entrave à la liberté d'expression vaut pour les quatre pays.
Manifestement chacun veut s’accrocher au pouvoir coûte que coûte. Faut-il chercher les causes à travers leur parcours de conquête du pouvoir? Les présidents Yoweri Museveni, Paul Kagame, Joseph Kabila et Pierre Nkurunziza sont tous les quatre passés par la rébellion, la violence et la guerre avant d’arriver au sommet de l’État.
Respectivement leurs pays, l'Ouganda, le Rwanda, la RDC et le Burundi sont mal côtés en démocratie par "The Economist Group". Les trois derniers font partie des régimes autoritaires selon le dernier classement. Les opposants sont emprisonnés ou malmenés quand ils ne sont pas assassinés.
Au pouvoir depuis 1986, Museveni n’est pas apprécié par la communauté internationale particulièrement lors des élections présidentielles de février 2016. Les États-Unis d’Amérique se montrent inquiets de l’arrestation d’opposants, et jugent que les élections ne sont pas libres ni transparentes. Sa réélection est remarquablement contestée par le Dr Kizza Besigye le principal opposant qui a vécu beaucoup d’intimidations, arrestation pendant la campagne électorale et une résidence surveillée après les élections.
Président depuis 2000, le général Kagame, est "l’homme fort" de cette région. Vice-président en juillet 1994, c’est lui qui, réellement, tenait les rênes du pouvoir dès la conquête du pays par sa rébellion, comme l’a admis sur BBC son prédécesseur Pasteur Bizimungu, après avoir été poussé à la démission. Ce dernier est d’ailleurs arrêté en avril 2002 à la veille de la création d’un parti politique. Il sera jugé et emprisonné jusqu’en avril 2007, entre autres pour atteintes à la sûreté de l’État. Des opposants sont souvent menacés et d’autres assassinés, qu’ils soient en exil, comme Seth Sendashonga, Théoneste Lizinde, Patrick Karegeya, ou au pays comme André Kagwa Rwisereka, Assinapol Rwigara, le Dr Emmanuel Gasakure etc. En prison, des opposants au régime comme Victoire Ingabire Umuhoza, Déo Mushayidi, le Dr Théonste Niyitegeka… D’autres ont pris le chemin de l’exil comme deux anciens présidents de l’assemblée nationale, le Dr Joseph Sebarenzi et Alfred Mukazamfura, l’ancien Premier ministre Faustin Twagiramungu, plusieurs ministres et des officiers de l’actuelle armée. En décembre 2015, le président Kagame a fait réviser la Constitution pour aller au-delà de deux mandats. Il s’est frayé une voie possible de diriger jusqu’en 2034. Ses principaux partenaires, les Britanniques et les Américains se sont dits déçus et s’inquiètent des conséquences d’une telle décision, qui selon eux, s’est basée sur des manipulations de la population.
Au Burundi, une crise politique met à mal le pays où une partie de la population s’est insurgée contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Le conflit a déjà emporté plusieurs vies humaines et le pays compte plusieurs centaines de milliers de réfugiés exilés principalement dans les pays limitrophes. En RDC, à l’approche de l’élection présidentielle, le climat devient de plus en plus tendu. Ayant réussi à contraindre le président Kabila à abandonner son ambition de briguer un troisième mandat, l’opposition lui reproche de vouloir reporter les élections pour jouer les "prolongations". Les opposants, comme Moïse Katumbi se dit menacé et sollicite une protection onusienne.
Assoiffés de pouvoir et déterminés à s’y accrocher, les Chefs d’États ne sont pas pressés pour instaurer la démocratie dans cette région. Les conflits sanguinaires et endémiques voire même la pauvreté extrême sont principalement les conséquences des régimes qui ne se préoccupent guère de l’intérêt général de la nation. Malheureusement, rien ne laisse présager un redressement dans un proche avenir. D'aucuns pensent que la situation risque de s'empirer, si le processus démocratique n'est pas engagé et mis en œuvre dans les meilleurs délais.