Si vous avez déjà oublié ce qu'est un « beacon », rappelons d'abord qu'il s'agit d'une petite balise Bluetooth qui permet d'identifier les smartphones qui l'entourent, avec une précision de moins d'un mètre, idéale pour une fonction de géolocalisation en intérieur. Hormis quelques concepts originaux (dont celui de Barclays pour l'accueil de personnes handicapées), sa principale application dans le secteur financier reste l'envoi de promotions ciblées aux passants lorsqu'ils sont à proximité d'un point de vente.
Alors, sans surprise, lorsque Citi déploie des « beacons » dans une dizaine de ses agences new-yorkaises, un des premiers cas d'usage implémentés consiste à envoyer des notifications aux clients passant dans un rayon d'une dizaine de mètres, les informant des opérations spéciales en cours dans les lieux. Outre le peu d'intérêt que semble en général rencontrer ce genre de « service », faut-il toujours rappeler qu'il est extrêmement facile à mettre en œuvre sans infrastructure spécifique, simplement grâce aux puces GPS de nos téléphones modernes ?
Le comble du ridicule est pourtant atteint avec une autre option proposée par Citi : l'accès aux automates. Lorsque l'heureux utilisateur passe devant un hall de distributeurs en dehors des heures ouvrées, son application mobile lui demande s'il souhaite en déverrouiller l'accès, ce qu'il peut confirmer d'un geste du doigt. Bien entendu, il va ensuite sortir sa carte bancaire pour réaliser ses opérations…, la même carte qu'il a aujourd'hui l'habitude de présenter pour atteindre les GAB. Où est le progrès ?
Enfin, une dernière fonction évoquée paraît légèrement schizophrénique. Exceptionnellement, elle met à profit la capacité de localisation relativement précise des « beacons ». En l'occurrence, elle invite les visiteurs qui patientent depuis trop longtemps dans la queue au guichet à rejoindre un espace dans lequel sont mis à leur disposition des ordinateurs et tablettes. En résumé, alors que les banques à réseau défendent à tout prix la valeur de proximité de leurs agences, Citi recourt à une technologie impersonnelle pour pallier à leurs déficiences, hélas sans les résoudre.
En 3 ans et des dizaines d'initiatives autour du monde, aucune application réellement convaincante des « beacons » n'a été proposée dans les banques (et je soupçonne que le constat pourrait être étendu à d'autres domaines). Comme dans un cas d'école, nous sommes ici en présence d'une invention technique qui ne rencontre pas d'usage capable d'en assurer le succès. Je me permets donc de recommander d'oublier ces gadgets et focaliser l'énergie ailleurs : il reste bien d'autres opportunités d'innovation à explorer…