" Je pense que ce qui est le plus intéressant dans la vie, ce n'est pas l'impossible mais le possible, c'est l'amour des êtres, de l'énergie des choses... ça oui c'est moi. Comment est-ce que en peinture je peux parler de ça ? Comment est-ce que je peux dire ça ? "
Peut-être le tableau le plus célèbre de Fromanger, fait à partir d'une photo prise lors d'un voyage d'intellectuels et d'artistes français dans la Chine maoïste en 1974. Tout semble se passer comme si le regard des paysans-peintres chinois cherchait à croiser celui du spectateur pour mieux signaler leurs couleurs.
Au nom de Gérard Fromanger est attachée une série de motifs, de figures et d'événements qui tissent une histoire artistique, culturelle et sociale d'un demi-siècle : l 'amitié de Jacques Prévert, Mai 68, des silhouettes rouges, des passants dans la ville, le jeu des couleurs, un film-tract culte réalisé avec Jean-Luc Godard, des textes de Gilles Deleuze, Michel Foucault et Félix Guattari, la figuration narrative, peinture et politique.
Le peintre appartient à une génération d'artistes français, que l'on pourrait qualifier de pop, et qu'un critique d'alors, Gérald Gassiot-Talabot, baptisa en 1965 comme celle de la
" figuration narrative ". Il s'oppose au pop américain par son militantisme politique et social. Mai 1968 lui doit ses images les plus célèbres, produites à l'Ecole des beaux-arts de Paris en grève sous le nom du collectif L'atelier populaire. En retour à mai 1968 des amitiés et des appuis prestigieux, parmi le monde intellectuel , tels que les textes de Michel Foucault et Gilles Deleuze vont vers Gérard Fromanger.
Beaubourg, enfin, lui ouvre le quatrième étage.
" Devenu le signe chaud d'une résistance de la vie contre la logique marchande qui s'empare de l'espace urbain ", le rouge devient politique en mai 68. Fromanger colore en rouge les silhouettes des manifestants qu'il met en exergue dans ses affiches sérigraphiées réalisées au sein de l'Atelier populaire de l'École des Beaux-Arts.
Autoportrait de Gérard Fromanger, cette toile montre l'artiste projetant sur la toile un cliché de mutins sur le toit d'une prison. Suivant l'exemple d'un Michel Foucault ou d'un Jean-Paul Sartre, Fromanger choisit de s'engager dans des combats de société, ici la situation catastrophique de l'univers carcéral dans les années 1970.
La Grande Table sur France Culture : podcast
Gérard Fromanger : la passion picturale et le souci du monde
L'une des œuvres les plus radicales de cette rétrospective est Noir, nature morte évoquant le travail de Joseph Kosuth, qui fit en 1968 une œuvre d'art du simple mot art. Gérard Fromanger dresse ici une liste de noms d'artistes en une histoire de la peinture sans couleurs et sans images.
Gérard Fromanger dans l'émission de Laure Adler sur France culture
Hors Champs
(série Sens dessus sens dessous)