La deuxième demi-finale a rendu son verdict. 10 chansons ont été sélectionnées et nous connaissons désormais les 26 pays qui s'affronteront samedi soir. Retour sur une soirée dont le final aura attiré tout particulièrement l'attention de notre correspondant Didier Mathieu-Dabois.
Je suis épuisé. Oui, l'Eurovision, c'est aussi mentalement et physiquement intense! J'aurais l'occasion de vous expliquer en quoi consiste une journée-type lors d'une prochaine chronique. Mais la soirée de jeudi est un bon exemple des émotions contrastées que nous pouvons ressentir. Hier, j'ai été rejoint par quelques amis amateurs du concours. C'est toujours un plaisir de partager cette passion avec des proches. Après un apéro arrosé (la vente d'alcool est très réglementée en Suède), nous nous sommes mis en route pour la Globen Arena. Un fast food vite ingurgité (on ne mange pas toujours très sainement ici...) et nous entrons déjà dans la salle. On aurait pu s'attendre à des mesures de sécurité renforcées suite aux menaces d'attentats mais les forces de police sont très discrètes, voire inexistantes.
La Globen Arena est déjà plus remplie que mardi. Et l'ambiance plus festive aussi. Samedi, ce sera l'apothéose. Le show débute avec l'arrivée des présentateurs, Mans Zelmerlow, le gagnant de l'année passée et Petra Mede, très appréciée et applaudie. Ils sont excellents dans leur rôle. Ce début de demi-finale nous le confirmera encore. Rappelant que l'Eurovision était pour la première fois diffusé en direct aux Etats-Unis et en Chine, les présentateurs se sont attelés à expliquer l'émission dans un show façon broadway particulièrement drôle et réussi. Difficile de faire meilleure entrée en matière.
Quoique, le charismatique Justs a également assuré comme premier candidat. Il qualifie la Lettonie et sa chanson " Heartbeat ", grâce à une prestation vocale sans rature. Son titre electro rappelle celui de Aminata, 6e l'année passée. Normal, c'est elle qui a écrit le morceau de son compatriote. Même destin chanceux pour Michal Szpak, le candidat polonais. " Color of your life " sonne comme une ballade des années 80 mais le refrain entêtant (et les votes des communautés polonaises expatriées) auront aidé à sa qualification. Sa prestation aura en tout cas été applaudie par Hozier, l'interprète de " Take me to church " sur Twitter.
Et puis, soudain, c'est le drame. Que s'est-il passé avec les cheveux de la suissesse?! On la croit sortie toute droite d'un baptême étudiant de l'ULB! Ni la tenue, ni la qualité vocale, ni les génuflexions répétées de Rykka, canadienne, comme Céline Dion, ne permettront de récupérer une catastrophe annoncée. La Suisse loupe la qualification pour la deuxième année consécutive. Heureusement, Israël est là pour apaiser nos oreilles. Le talentueux Hovi Star, candidat ouvertement gay, a époustouflé le public avec sa puissante interprétation de " Made of stars ".
Le biélorusse avait promis de danser nu avec les loups. Il aura tenu promesse... en hologramme! Je vous avais prévenu, cette année, les candidats ont redoublé d'imagination pour appâter le votant. Ivan est donc apparu en hologramme dans le plus simple appareil, entouré d'une meute de loups, avant de finalement arriver en chair et en os... et habillé! S'en suit une succession d'effets techniques, tellement nombreux qu'on se demande si la présence du chanteur est vraiment justifiée. Son élimination me satisfait, que deviendrait le concours si tout le monde avait recours à ce type de subterfuges.
La Serbie, elle, était bien présente, vocalement surtout, ses hurlements auraient pu réveiller un mort. Mais trêve de sarcasme, Sanja est touchante et sa chanson sur les violences portées aux femmes semble lui tenir à coeur. Sa qualification est méritée. On s'attardera moins sur les passages de Nicky Byrne, l'irlandais, ex-membre des Westlife, et de Kaliopi, participante macédonienne, déjà en 2012. Leurs chansons, plate pour l'un, surannée pour l'autre, n'auront pas convaincu.
Retour plus réussi pour Donny Montell, lui aussi candidat de son pays en 2012, mais qui qualifie sa chanson " I've been waiting for this night " pour la finale. Les gesticulations et cabrioles du jeune lituanien ont plu. La prestation australienne beaucoup plus posée aura donc apaisé les esprits. La puissance vocale de Dami Im a scotché la salle et elle a explosé tous ses concurrents à l'applaudimètre. Finalement, l'Australie pourrait bien être la seule à empêcher le russe de remporter le trophée.
On ne pourra en tout cas pas compter sur Manuella, la slovène, Taylor Swift du pauvre, qui malgré la participation d'un bel éphèbe torse nu (un gymnaste danois, j'ai pris mes informations), n'a pu amélioré une chanson sans grand intérêt. Pas facile, qui plus est, de passer entre l'australienne et la bulgare, Poli Genova, boule d'énergie, sa chanson " If love was a crime " est un message à peine masqué en support à la communauté gay. La Bulgarie signe un retour gagnant.
Moins de chance pour le Danemark, encore privé de finale, le message de paix du boys band Lighthouse X était si gnangnan qu'il aura mieux convenu à une élection de Miss Belgique. Les trois danois avaient le charisme d'une bourriche d'huitres. Le passage de l'ukrainienne Jamala ne fera que le confirmer. Complètement habitée par son titre " 1944 ", elle a livré un moment d'une grande intensité, vocalement incroyable et dans un style qui tranchait avec ses prédécesseurs. Encore une candidate sérieuse à la victoire.
Pas de finale par contre pour la Norvège, petite déception à mes yeux, j'aimais bien " Icebreaker " mais il se dit que leur représentante, Agnete, souffre d'une grave dépression. Le retour à Oslo semblait être la meilleure des prescriptions. Seule la Suède, qualifiée d'office, représentera la Scandinavie samedi soir. Plutôt rare, voire inédit. A la place, nous aurons droit à la Géorgie. C'est l'invité surprise, le rock psychédélique des géorgiens était peu attendu mais sa différence aura sans doute été appréciée.
Inutile de s'attarder sur la prestation albanaise, sans intérêt, et passons immédiatement à la Belgique. Aaaaah, Laura a assuré, du haut de ses 19 ans, c'est une vraie showgirl. Energie, peps, bonne humeur, super bien accompagnée par des choristes-danseurs, on espérait sa qualification et on aura finalement du attendre le nom du dernier qualifié pour soulager la Belgique... Laura ouvrira le bal samedi soir, elle passera en première position. Et elle le fera avec brio, n'en doutons pas!
Après la demi-finale, j'ai filé au centre de presse où Laura a répondu à quelques questions malgré la fatigue. Je lui ai demandé si son téléphone ne chauffait pas trop depuis sa qualification et elle m'a répondu que Koen Wauters, leader de Clouseau, son coach dans " The Voice ", et Selah Sue, compositrice de la chanson, lui avaient déjà transmis leurs félicitations. Au programme, dans l'immédiat, une bonne nuit de sommeil, sans doute un petit jogging demain (c'est une grande amatrice de running) et puis, une répétition générale avant un show public qui servira de base au vote des jurys nationaux, ce vendredi soir. Je me plains de mes journées épuisantes mais que dire de celles de Laura Tesoro...
Sa qualification permettra en tout cas de booster les audiences de la RTBF et de la VRT. Notez également que la France passera en 11e position, une excellente place. L'Eurovision a bientôt livré tous ses résultats, il ne reste plus qu'à connaître le grand vainqueur...
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