Chaque année, une nouvelle création de Woody Allen, cinéaste à la réalisation on ne peut plus régulière, est projetée dans les salles obscures. Cette année, c'est Café Society qui ouvre les festivités du Festival de Cannes et on y retrouve tous les tours préférés du magicien, éternellement avide d'amour et de cinéma.
Café Society est à la fois un conte délicatement bavard, un morceau de jazz entraînant et une douce tragédie. Tout commence à Hollywood, son âge d'or comme décor de l'envolée d'un jeune homme, Bobby. Armé d'espoir, l'oisillon courageux est rapidement foudroyé par l'amour : Woody Allen filme alors une éducation sentimentale juste, à l'image dorée, au fond tourbillonnant de sublime. Le classicisme est assumé, l'aspect tragique se fait enchanteur et touchant, et le tout s'enclenche avec la maîtrise du fluide qu'on connaît du cinéaste.
Ensuite, le réalisateur nous emmène à New-York, comme un retour aux sources. Sa cité muse devient le lieu d'un semblant de guérison, le lieu de la renaissance de Bobby. Malgré un scénario aux multiples chemins et aux thèmes d'une variété très cinéphile (satire, films de mafia, mélodrame), c'est la nostalgie qui demeure : l'amour et le septième art s'enlacent pour une danse orchestrée par Woody Allen, capable de ressusciter son propre cinéma. Café Society est bel et bien un film d'amour et y défilent des amours naissants, des amours impossibles, des amours déçus … et un amour immortel, semblable à celui que porte le réalisateur au cinéma, à ses comédiens, à ses décors, à son écriture …
L'originalité ne nourrit aucun couplet de Café Society, et pourtant, une mélancolie presque divine s'empare des spectateurs : celle-ci a le pouvoir de façonner des semblants de naïveté. Le voile finit par tomber, il suffit de regarder dans les yeux des deux comédiens principaux ; Jesse Eisenberg et Kristen Stewart ; pour comprendre que chez Allen rien n'est candide, tout est tragique … Et c'est la vie.