Si on vous dit : film roumain, long de 3h, à huis-clos, à propos d'un repas de famille et le tout lors d'un festival où on voit trois-quatre films par jour... Comment réagissez-vous ? Pas très appétissant, n'est-ce pas ? Pourtant, cela serait lourdement fauter de ne pas voir le long-métrage de Cristi Puiu qui, à bien des égards, mériterait la fameuse Palme d'Or.
Magnifiquement interprété, réalisé et écrit, l'excellence touche tous les domaines de la création de Sieranevada. Le cinéaste décompose sa narration avec une multitude de plans longs - tous d'une grande intelligence dans leur composition - et qui permettent aux personnages de trouver une consistance rarement vue au cinéma si ce n'est avec des trilogies comme Le Parrain. Le génie de ce repas autour duquel gravite le récit vient de son absence. Les convives et les spectateurs l'attendent, mais il ne semble jamais vouloir arriver tandis que les invités s'étripent et rasassent leurs problèmes. Une trouvaille scénaristique fabuleuse !
À la fin du non-déjeuner, on se dit qu'une seule chose : les problèmes familiaux, mieux vaut en rire qu'en pleurer comme le fait le personnage principal de Lary à maintes reprises.
Sieranevada n'a pas encore de date de sortie en France mais est présenté en compétition lors du Festival de Cannes 2016.