Gov't Mule at Den Atelier - Luxembourg - le 9 mai 2016
GOV'T MULE - L'Atelier, Luxembourg (GDL) - 2016.05.09
Line Up :
Warren HAYNES : Guitars - Vocals
Matt ABTS : Drums
Danny LOUIS : Keyboards, Guitar
Jorgen CARLSSON : Bass
Set 1:
01 Brand New Angel
02 Mr. High and Mighty
03 Inside Outside Woman Blues
04 Unring The Bell
05 Larger Than Life
06 Sco-Mule
07 Captured
08 Thorazine Shuffle
Set 2:
01 No Reward
02 She Said, She Said
03 Tomorrow Never Knows
04 Fallen Down
05 The Other One Jam
06 Funny Little Tragedy
07 Drums Solo
08 Jam
09 Brighter Days
10 Like Flies
11 Pygmy Twylyte (Intro) / Ain't No Sunshine >
12 Blind Man In The Dark
13 Encore break
14 The Thrill Is Gone
On pourrait dire que Gov't Mule profite de ses 20 ans d'existence pour faire une tournée mais Gov't est perpétuellement en tournée alors... Ce ne serait pas une excuse ! Quoiqu'il en soit, 53 semaines après les avoir vus au Dépôt à Leuven, me voici venu à L'Atelier de Luxembourg, histoire de vérifier que l'entretien a bien été fait et que tout va bien dans le moteur. La carrosserie fait un peu rétro mais sous le capot, mes enfants c'est du nickel-chrome, je vous le jure ! Avec la Mule du Gouvernement, une fois qu'on a reçu sa ruade, on revient systématiquement en chercher, une ou deux, régulièrement. Ici, il ne faut pas sept ans de réflexion, quand la Mule passe on lui saute sur le dos sans se poser de questions et on se laisse emporter au galop, loin n'importe où mais plus ici. Ours ou lapin, la bête à les reins solides. Le tout c'est de ne pas la laisser partir, l'attente devient alors une torture, on voudrait avoir un calendrier sous les yeux, ne fut-ce qu' une indication pour savoir combien de temps la souffrance va encore durer et la rendre de ce fait un peu plus supportable.
Le voyage jusque là s'est bien passé merci et c'est sous une pluie légère que nous faisons notre entrée en terre Grand-Ducale. Rue de Hollerich ? Oui c'est bien la bonne rue, dis-je à Patrick, concentré au volant de son monstre teuton. Parking easy dans un endroit encore tenu secret et on arpente les trottoirs en direction de la petite salle qui donne asile à la Mule ce soir. Ô dormeur du Val (non pas Robert idiot) Ô promeneur infatigable, nous ne sommes pas les seuls à fréquenter les trottoirs de la sorte ! Une cohorte d'amazones court vêtues et généreusement pourvues au niveau du siège, déambulent, ondulant lentement et de concert (ça tombe bien) sur les bas-côtés de la rue. Leurs ondulations donnent à ces pérégrinations un côté obsessionnel fait d'allers-retours incessants sur une vingtaine de mètres, préfigurant d'autres mouvements du même acabit mais sur une vingtaine de centimètres si par bonheur elles ont la chance de lever un chaland bien pourvu. Jupes tellement courtes qu'on dirait des ceintures, poitrines en avant, elles aguichent à guichet ouvert le passant pressé d'aller se la jouer à guichet fermé. Et on dira que les jeunes ne veulent plus travailler après ça !
Les portes sont ouvertes, chouette nous voilà dans les vingt premiers à pénétrer, non pas les promeneuses susnommées, mais l'atelier qui nous attend.
Direction l'étage, où, d'une main autoritaire je me saisis d'un tabouret que je positionne devant la rambarde face à la scène. On est partis pour 2h45 de concert donc, autant être correctement installés. La clameur monte, la chaleur et les odeurs aussi, dommage. Le band s'installe et c'est parti avec un " Brand New Angel " bien couillu, pourtant on m'a toujours dit que les anges n'avaient pas de sexe. Dès " Inside Outside Woman Blues " on entre dans le vif du sujet : le blues bien gras et dégoulinant sous les notes collantes comme du sirop d'érable extraites des Gibson de maître Haynes. " Unring the Bell " est un de mes favoris de la soirée, un reggae bien musclé dans lequel on ne s'ennuie jamais. On termine ce premier set par le célèbre " Thorazine Shuffle " et 15 minutes plus tard, balles neuves, deuxième set. J'ai cru reconnaître quelqu'un dans la foule, non, je me trompe. Didju ça m'arrive de plus en plus souvent les hallucinations ! Qu'est ce qu'un lapin viendrait faire au pays des ours ? Et pan ! Nouvelle ruade de la Mule en plein ventre, les jams sont légion en ce lundi soir. " Tomorrow Never Knows " c'est bien ça le problème ! On ne sait pas combien de temps il faut attendre, attendre et toujours attendre. On ferait reprendre du service à un comptable pensionné rien que pour bénéficier de ses conseils avisés (près de Liège) reviens Maurice ! " Funny Little Tragedy " tu parles ! C'est de la détresse pas de la tragédie. Warren est sublime, impérial, divin (de Bourgogne) . Et ça jamme et ça joue juste, des notes, des soli, des chapelets de perles sonores qui ornent nos oreilles de boucles profondes, dorées, et chantonnantes au gré des décibels que déverse la sono. Beaucoup de petits clins d'oeil à des artistes tels que les Beatles, Led Zeppelin, Deep Purple ou encore Jimi Hendrix pour ne citer qu'eux. Warren les distille ci et là avec justesse et respect. Énorme " Like Flies ", le son est comme un canon qui tire sans relâche ses obus, en cadence, avec une précision meurtrière. Petit détour par le magnifique " Ain't No Sunshine " de Bill Withers. " Ain't no sunshine when she's gone... " Comment, comment ? Tu as très bien compris va ! Un seul rappel, mais un de légende avec un hommage poignant à B.B.King par l'entremise de son " The Thrill Is Gone ". Sauf que là, il n'a pas disparu le frisson, il est toujours bien là, tenace jusqu'à l'obsession morbide.
J'avais aimé le concert de Leuven qui ne faisait pourtant pas l'unanimité mais celui-ci lui était supérieur en tout.
Les promeneuses du début de soirée sont parties vers d'autres endroits sordides pour y prodiguer l'illusion d'un bonheur fugace à d'autres âmes en peine. Allez, en voiture, BJG... non, je me suis trompé, y a pas à dire mais des ruades pareilles ça vous retourne un homme. Sur l'autoroute, les lumières se sont éteintes, jetant un voile pudique sur les usagers qui vont à la rencontre d'un autre lendemain un autre jour à attendre l'union du soleil et de la lune, de l'eau et du feu, de l'ours et du lapin. Vivement la prochaine ruade, ce sera peut-être la bonne, celle qui tue.
Mitch " ZoSo " Duterck