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"L’angoisse de chacun d’entre vous est la mienne et ma responsabilité est de la transformer en moyens concrets pour que nous allions mieux". Voilà ce qu’a déclaré le président Macri le 17 avril 2016, en annonçant des mesures pour lutter contre l’inflation et pour protéger les plus pauvres. Au menu: extension de certaines allocations familiales, remboursement de l’impôt sur la valeur ajoutée pour les contribuables les plus modestes, aide sociale ponctuelle pour les retraités. Le président argentin a donc tenté de rassurer la population qui, pour une grande partie, s'inquiète des réformes libérales du nouveau président.
D’après les statistiques officielles de l’Indec (l’Insee argentine), l’inflation a atteint la barre des 12% au premier trimestre. Alors que Mauricio Macri reprochait à la présidente sortante, Cristina Kirchner, d’avoir laissé le pays "avec un taux de pauvreté à 30%", un rapport de l’UCA (Université Catholique Argentine) annonce que le taux de pauvreté touche désormais 34.5% de la population, soit 13.8 millions d’Argentins. Depuis sa prise de fonction, Mauricio Macri a effectué des coupes budgétaires dans les subventions aux services publics. Les tarifs de transports ont doublé, ceux d’électricité, de gaz et d’eau ont augmenté entre 100% et 500%.
L’élection de Mauricio Macri a été suivie de fortes vagues de licenciements, dans le secteur public comme dans le privé. Les prévisions quant aux chiffres du chômage pour l’année 2016 ne sont pas bonnes. Les économistes envisagent une oscillation probable entre 10% et 12% de taux de chômage.
C'est dans ce contexte que les opposants du gouvernement libéral de Macri ont proposé une loi sur le travail. Suspendre pour six mois les licenciements dans le secteur public. Dans le privé, les entreprises qui voudront licencier devront payer double les indemnités de licenciements.
Cette loi a été approuvée par le Sénat à 48 voix contre 16. Reste à la faire voter par les députés. Si cette loi ne correspond pas du tout à la politique libérale mise en place par Mauricio Macri, elle garde ses chances puisque le président ne dispose pas d’une réelle majorité au Parlement.
Néanmoins, en Argentine, le président a droit de veto et il semblerait que Mauricio Macri veuille bloquer cette loi.
C'est pourquoi, même si la loi semble partiellement adoptée, les syndicats se sont réunis afin de manifester leur soutien. La mobilisation a réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes.
La leader de la Coalition Civique, favorable au gouvernement, Elisa Carrió, a tenté de mettre en garde les manifestants. "Les travailleurs pensent que cette loi va les défendre, mais au contraire, elle va les licencier". Elisa Carrió argumente qu’une telle loi va pousser les grandes entreprises en sureffectif ou qui pensent devoir licencier dans les six prochains mois, à licencier immédiatement.
Alors que les syndicats avancent le chiffre de plus de 100.000 renvois depuis décembre, le gouvernement affirme en avoir décompté à peine 11.000 lors du premier trimestre 2016.
Face à ce qui ressemble de plus en plus à un dialogue de sourds, Pablo Moyano, le chef du syndicat de camionneurs, un des syndicats les plus puissants du pays, a averti le gouvernement. "Si Macri met son veto sur la loi anti-licenciements, il y aura un blocage général".