POLITIQUE > Loi travail : échec de la motion de censure dans un climat tendu

Publié le 13 mai 2016 par Fab @fabrice_gil
L'Assemblée a rejeté sans surprise la motion de censure de droite contre le gouvernement sur la loi travail, dans un climat tendu dans l'hémicycle comme au sein du PS.

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Manuel Valls et Myriam El Khomri à l'Assemblée nationale, le 12 mai à Paris I ©GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP


Deux jours après le recours au 49-3 pour forcer l'adoption du texte controversé, la motion LR-UDI a recueilli 246 voix, moins que les 288 requises pour faire chuter le gouvernement. Le projet de loi est maintenant considéré comme adopté en première lecture et sera examiné au Sénat à partir du 13 juin. Hier, des manifestations musclées ont eu lieu un peu partout en France pour demander le retrait du projet de loi défendu par la ministre du Travail Myriam El Khomri, à l'appel des syndicats CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl. Au troisième mois de protestations, la cinquième journée de mobilisation a été moins suivie, avec quelque 55.000 personnes, selon la police, et parfois émaillée de violences. Sur un total de 82 interpellations, 75 ont eu lieu en province et 7 à Paris, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. "Des heurts, parfois très violents, dus à une minorité d’activistes, ont (...) été constatés dans la capitale et en province", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. "Au total 18 policiers, gendarmes et militaires ont été blessés", 12 en province et 6 à Paris. "Ces violences sont inacceptables et font l’objet de la plus grande fermeté de la part du gouvernement". Au-delà des partis de droite, centre et deux élus FN, la motion de censure a été soutenue, pour des raisons opposées, par 15 députés de gauche, principalement du Front de gauche. Aucun élu socialiste n'a apporté ses suffrages à l’initiative de l'opposition. "La ligne rouge n'a pas été dépassée", pour leur chef de file, Bruno Le Roux. A un an de la présidentielle, Christian Jacob (LR) a appelé à "mettre fin, et vite" à "l'aventure" d'un pouvoir "en perdition".Dans cette ambiance de pré-campagne, Bruno Le Roux a dénoncé en retour "la radicalité" des propositions LR sur le Code du travail, dont celles d'Alain Juppé, sous les protestations d'élus de droite, qu'il a qualifiés de "gueulards". Aussitôt après le résultat du scrutin, le numéro un du PS, Jean-Christophe Cambadélis a annoncé la saisine de la Haute autorité éthique du parti concernant les 24 socialistes signataires du projet de censure du gouvernement, dont d'anciens ministres tels Benoît Hamon et Aurélie Filippetti. Si les débats ont été interrompus quasiment dès le début de l'examen du texte par le 49.3, le gouvernement a retenu plusieurs amendements du rapporteur PS Christophe Sirugue, par exemple pour renoncer à restreindre le périmètre géographique des difficultés d'un groupe pour les licenciements économiques. Il a également renoncé à la surtaxation des CDD. Mais figure toujours l'un des points les plus contestés par une partie de la gauche et des syndicats : la primauté des accords d'entreprise sur les accords de branche."Nuit debout" improviséeDans la rue, les opposants étaient à Paris entre 12.000 (selon la police) et 50.000 (selon la CGT). Le cortège s'est dirigé, sous haute protection des policiers et services d'ordre des syndicats, vers les Invalides, non loin de l'Assemblée, où quelques jeunes cagoulés ont lancé brièvement des projectiles sur les manifestants. A Toulouse, de 3.000 (préfecture) à 12.000 personnes (syndicats) ont défilé, tandis qu'à Grenoble, entre un millier (police) et 4.000 personnes (CGT) ont manifesté, aux cris de "P comme pourris, S comme salauds, à bas le Parti socialiste". Des heurts entre manifestants et forces de l'ordre se sont produits à Nantes, où la manifestation a rassemblé quelque 2.500 personnes, et, au Havre, le local PS a été saccagé. "L'opposition, cela ne peut jamais être la violence, les menaces, les saccages de permanences", a tonné le Premier ministre à l'Assemblée. En début de soirée, environ 200 personnes se sont réunies devant le Palais-Bourbon, dans le calme et encerclés de CRS, dans une "Nuit debout" improvisée. Deux autres journées de mobilisation sont prévues les 17 et 19 mai, ainsi que des grèves reconductibles dans certains secteurs (dockers, marins, SNCF...). Le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, a appelé à "passer à la vitesse supérieure". JB-M