Comme je le disais très récemment encore dans ma critique du film Fritz Bauer, sorti en toute confidentialité hélas le 20 avril dernier, les allemands n'en finissent plus de revenir, par leurs œuvres cinématographiques sur les blessures de leurs passés.
Ainsi, après "Hanna Arendt "en 2013 et "le Labyrinthe du silence" l'an passé, et quelques mois donc avant ce « Fritz Bauer, un héros allemand », présenté en compétition au festival de Beaune 2016 ( tout dernier film que j'ai vu lors de mon séjour beaunois, le film Elser, un héros ordinaire , sorti en DVD chez Blaq out ,le 26 avril 2016, revenait aussi à sa manière sur ce nécessaire devoir de mémoire du cinéma allemand, plus que jamais indispensable.
Mais contrairement aux autres œuvres citées, qui se situaient après la seconde guerre mondiale, et qui traitaient chacune à leur manière de la difficile et douloureuse dénazification de l’Allemagne celui-ci se déroulait pendant la période nazie.
En effet, tout juste dix ans après La chute qui s’intéressait aux dernières heures d’Adolf Hitler dans son bunker berlinois, le réalisateur allemand Oliver Hirschbiegel a pris le parti, une nouvelle fois, de situer son film pendant la période nazie.
Mais prenant le parfait contrepied à La Chute qui se concentrait sur la figure d’Hitler à la fin de la guerre, le réalisateur s’intéresse cette fois à un simple citoyen anonyme qui tente de réagir dès le début de la guerre, à la montée du danger nazi.
Ce Georg Elser, menuisier bavarois de son état est l’auteur d’un attentat malheureusement manqué contre le Führer en 1939 qui aurait pu changer le cours de l’Histoire. puisqu'à peine deux mois plus tard, Hitler déclenchait la Seconde Guerre mondiale.
Le grand mérite du film d' Oliver Hirschbiegel est bien de faire connaitre aux générations, notamment françaises, qui ne le connaissait pas forcément, ce héros (extra)ordinaire et visionnaire , glorifié vraiment sur le tard en Allemagn, un homme qui était à cette époque quasiment le seul à refuser de de rester impuissant devant la montée du totalitarisme.
Le film alterne ( peut etre un poil trop, c'est un des seuls défauts du film) régulièrement scène d'interrogatoires violentes de la Gestapo et flash back qui revient sur son histoire, où l'on découvre l'évolution de son personnage et de son engagement, ses scrupules, ses hésitations, et ses convictions inébralables ( l'homme devenant sympathisant du Front rouge) .
Le cinéaste nous peint avec minutie et sobriété un héros ordinaire qui livre a à toutes les générations une impressionnante leçon de courage en faisant face à ses tortionnaires qui, n'arrivaient pas à croire la stricte vérité à savoir que ce terroriste ait pu agir totalement seul.
Parmi les nombreux longs métrages allemands qui revisitent l'histoire du nazisme, "Elser un héros ordinaire" est probablement le film qui prend le plus la forme d'un thriller et sans doute le plus cru et donc le plus difficilement supportable à regarder, le film étant de plus en plus oppressant et tendu au fur et à mesure que les tortionnaires veulent lui faire avouer l'inavouable.
La caméra d'Hirschbiegel parvient en tout cas avec aisance à capter le trouble de cette période et l'ambiguité de cet anti héros, et le film, puissant et solide de bout en bout, est à montrer à tout le monde, afin que les horreurs fascisme ordinaire soient montré du doigt.
En évitant en grande partie les pièges du didactisme et qui n'oublie pas la psychologie de ses personnages, "Elser, un héros ordinaire"- à ne pas confondre avec Fritz Bauer un héros allemand- les distributeurs français manquent un peu d'imagination- est un vrai et beau film qui mérite d'être (re)découvert grâce à sa sortie DVD.
Bande-annonce : Elser, un Héros Ordinaire VOST
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