" Gabriela se fraya un chemin parmi la foule agglutinée le long des barrières de sécurité. Elle avait revêtu un jean noir, une cape de plastique transparent pour protéger sa caméra des canons à eau, de vieilles rangers trouvées aux puces, le tee-shirt noir où l'on pouvait lire : " Yo quiero estudiar para no ser fuerza especial* " : sa tenue de combat. "
Tous les amateurs de polars ne jurent que par lui ou presque : Caryl Ferey, auteur de romans policiers se déroulant dans des pays éloignés et gangrénés par la violence, nous avait notamment livré son chef d'œuvre "Zulu", d'une force et d'une puissance incroyable à l'image de ce pays particulièrement trouble est fascina que représente l'Afrique du Sud.
On sait que Caryl Ferey ne traite pas d'un pays et d'un sujet au hasard : il est de ce genre d'auteurs à passer des mois en immersion et à faire pas mal de rencontres avant de tremper sa plume au sel de ces rencontres et cette documentation.
Pour Condor, son dernier titre à ce jour, il a mis quatre ans pour écrire ce livre et on voit de suite qu'il connait son sujet et que tout le livre est dominé par la volonté de l'auteur de s'approprier le Chili dans son ensemble, aussi bien géographique, historiques, que sociétal ou culturel.
" Juan avait contracté une pneumonie deux ans plus tôt, mal soignée, et sa cadette avait failli mourir peu après sa naissance. Pour le reste, les parents semblaient eux aussi dépassés par les événements : ils ne savaient pas si leur fils aîné se droguait, comment il avait pu s'en procurer, ce qu'il faisait la nuit dehors... "
Ferey aime insister, comme tout bon auteur de romans noirs sur les travers les plus noirs d'un pays, mais il le fait le fait à travers une intrigue puissante qui mélange thriller, romance et radiographie d'un pays méconnu avec talent et maitrise ébouriffante...
On n'oubliera pas de sitôt Gabriela, la jeune étudiante en cinéma, ou Stefano, cet ancien militant de la garde révolutionnaire au début des années 70 qui vont se croiser au gré de ces 440 pages de ce policier mené à un rythme effréné avec en toile de fond les immenses paysages et les rêves des chamanes.
*" Je veux étudier pour ne pas faire partie des Forces spéciales "