Vivre et mourir à travers le regard des autres : suicide en direct sur Périscope

Publié le 12 mai 2016 par Vincentpaes
Crédit : périscope par Shutterstock
Autres articles Après avoir annoncé qu’elle allait faire quelque chose de choquant et demandé aux mineurs de ne pas regarder -ce qui a dû en attirer plus d’un- une jeune femme a annoncé avoir été violée et a désigné nommément de son agresseur. Afin de faire passer selon ses dires « un message », elle s’est ensuite jetée sous un RER C en direct sous les yeux d’une centaine d’utilisateurs. Elle avait moins de 20 ans. Cela s’est produit vers 16h30 à la gare d’Egly en Essonne.

La jeune femme avait quelques minutes auparavant annoncé son geste à l’un de ses proches par sms. Ce dernier comme les ‘’spectateurs’’ n’ont rien pu faire, si ce n’est appeler les pompiers qui ont ramassé le téléphone puis retiré sa batterie pour mettre fin à la vidéo. Le téléphone a été saisi par les enquêteurs d’une brigade de recherche et une enquête a été ouverte par le parquet d’Evry et de nombreuses personnes appellent à la fermeture de l’application via les réseaux sociaux. Comment a-t-on pu en arriver là ? Quel a pu être le raisonnement de cette jeune fille ? Elle a affirmé dans une de ses vidéos que « tant qu’on ne tape pas dans la provoc’ les gens de comprennent pas ». Elle a donc estimé que le seul moyen d’exprimer sa détresse due au viol dont elle aurait été victime était de partager son suicide avec des inconnus. Se jeter sous un RER est malheureusement devenu courant chez les jeunes, comme l’avais montré le suicide de deux élèves de Polytechnique en février et mars 2016.

Récemment les médias ont dénoncé une nouvelle mode consistant à tabasser un inconnu dans la rue de manière totalement gratuite et aléatoire, et ce en direct sur Periscope. Cette application tend à devenir le moyen de communication privilégié des comportements les plus noirs de notre société. Est-ce que le suicide de cette jeune femme va être une source d’inspiration pour d’autres personnes ? Nous ne l’espérons pas et plaidons en faveur d’une fermeture préventive de l’application devenue malgré elle malsaine. ​

 A propos de l'auteur : Antoine Chéron est avocat spécialisé en propriété intellectuelle et fondateur du cabinet ACBM.