Il est tout seul face à l'océan, tout seul, canne à pêche et avant-bras tendu dans un prolongement si parfait qu'ils semblent ne faire qu'un. Tee-shirt jaune qui brille au soleil, dos droit, jambes légèrement pliées, il ne ressemble pas à l'idée que l'on se fait du pêcheur tranquille. Sa casquette bleu ciel s'harmonise avec le bleu clair des vagues, il se fond dans le paysage avec légèreté : on le dirait comme suspendu en appui sur un triangle fessier.
On ne sait pas s'il écoute le ressac ou s'il a branché son petit appareil à cassettes. Ses pensées clapotent au gré de l'eau, un rocher noir dans son dos, crachat volcanique transformé en bête paisible. Face à l'océan, sa ligne presque parallèle à la jetée, il attend que ça morde. Que frétille la vie prisonnière et que le moulinet vibre d'excitation, pour qu'enfin son bras gauche serve à quelque chose.
Il n'est qu'attente, immobilité instable en face des flots, plongée dans une solitude sereine face au grand ciel vide.