Ces jours-ci, en plein non-débat sur la loi El Khomri par la non-représentation nationale, le candidat Juppé de LR a opportunément présenté son programme pour la prochaine présidentielle.
Aussitôt, la socialosphère, frondeurs inclus, a repris de concert un vieux tube du top 50 :
« Au secours ! La droite revient. »
Certes, le programme de Juppé qui ressemble d'ailleurs à celui de ses congénères de LR a de quoi effrayer : accentuation de la casse des services publics et de la sécurité sociale avec 250 000 fonctionnaires en moins et la diminution des dépenses d’assurance-maladie, baisses des "charges" des entreprises, abolition de l'ISF, suppression des 35 h, flexibilité du travail en facilitant les licenciements, etc. [1]
J'observe que ces mesures ne remettent pas en cause la politique mise en œuvre par Hollande et sa clique depuis juin 2012. En l'occurrence, Juppé compte poursuivre la politique de Hollande, à l'instar de ce dernier qui a poursuivi celle de Sarkozy en adoptant le TSCG, l'ANI, le CICE, la réforme des retraites, la loi El Khomri, et en n'abrogeant pas, par exemple, les franchises médicales...
La seule différence notable entre Hollande et Juppé, c'est que l'un annonce clairement la couleur bien réactionnaire de son programme, tandis que l'actuel locataire de l'Elysée, en enfumeur de première, fait l'exact contraire de ce qu'il promet !
Aussi, que la socialosphère fasse référence au clivage gauche-droite pour mobiliser l'électorat de gauche relève de l'escroquerie. En 1986, passe encore. On pouvait naïvement croire que le tournant de la rigueur ne serait qu'une parenthèse et que les sacrifices d'aujourd'hui seraient les investissements de demain et les emplois d'après-demain...
Mais, 30 ans plus tard, qui peut encore croire de telles fadaises ?
La rigueur ou l'austérité n'est pas une parenthèse, mais l'ADN de la politique conduite indifféremment par Hollande et sa cour.
Le clivage gauche - droite ne passe plus par le PS qui est devenu un parti de droite, imposant aux forceps une politique de régression sociale, quitte à utiliser sans complexe l'article 49-3...
Le problème, ce n'est pas que le droite revienne, mais que la gauche ne soit jamais au pouvoir...
Aussi, à mon humble avis, tant que le PS et ses candidats feront des scores à deux chiffres, la supercherie de l'alternance politique continuera...
Note
[1] incroyable que ce Juppé fasse encore de la politique alors qu'il fut condamné à l'inégibilité en raison d'un emploi fictif...