30 ans après l'accident de Tchernobyl, qu'en est-il du rapport des Français au nucléaire ? Serait-il en train de changer ? Si la question se pose dans l'ensemble des pays européens, elle revêt une acuité toute particulière en France tant l'atome a été et est toujours au cœur du schéma énergétique français avec, à date, 58 réacteurs, répartis sur 19 centrales nucléaires, qui produisent 77% de la production d'énergie totale dans l'hexagone et qui en font le parc nucléaire le plus important du monde au regard de sa population.
Aujourd'hui pourtant ce secteur qui a donné à la France quelque uns de ses fleurons industriels majeurs semble déstabilisé, tant les mauvaises nouvelles s'accumulent : des anomalies sur la cuve de l'EPR de Flamanville, la suspicion d'une falsification de documents pour " faire passer " des pièces litigieuses dans l'usine Areva du Creusot, une déclaration devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale du Président de l'ASN faisant état d'un manque de moyens criant de ses services, ou encore la démission du directeur financier du groupe, en désaccord avec la stratégie à mener sur le projet de deux EPR au Royaume-Uni.
Malgré ce contexte, une majorité de Français juge néanmoins que les centrales nucléaires françaises sont sûres ( 60%).
Concernant l'avenir du parc nucléaire français, l'opinion semble en revanche plus incertain. Aujourd'hui, une courte majorité de Français ( 53%) se déclare en effet opposée à la fermeture des centrales nucléaires, avec un basculement qui semble néanmoins s'opérer chez les moins de 35 ans, dont une majorité se déclare être en revanche favorable à une fermeture des centrales nucléaires. Les motifs de cette opposition sont à la fois liés à la question des déchets (64%) mais aussi à la crainte d'un accident en France du type Tchernobyl ou Fukushima ( 58% de citations).
Si les Français restent dans leur majorité favorables au recours à l'énergie nucléaire, la relation qu'ils entretiennent avec l'atome se base avant tout sur la confiance à l'égard de la filière ainsi que sur la perception de sa transparence vis-à-vis du grand public. Or allier transparence et (maintien de la) confiance nécessite bien souvent des talents d'équilibristes.