"Mauvaise Graine" de Claudio Caligari sort ce 11 mai au même moment que débutera le Festival de Cannesce qui devrait l'empêcher de bénéficierd'une grande fenêtre d'exposition, vu que comme je le disais ce matin, tous les projecteurs médiatiques sont fixés sur la croisette en attente de la cérémonie d’ouverture prévue ce soir.
Cela estmalheureusementdommage concernant ce long métrage présenté à la Mostra de Venise l’an passé, et qui a été le film représentant le cinéma italien pour l’Oscar 2016 du meilleur film en langue étrangère, et dommage avant tout pour son réalisateur, décédé juste après le tournage, en mai 2015 il y a tout juste un an. Disparu alors que son film était en fin de montage, c’est son producteur/ami/acteur Valerio Mastandrea qui se chargea de le terminer pour lui.
Présenté à la Mostra de Venise sous une grande émotion, Mauvaise Graine est fort logiquement dédié à son auteur et la vision de ce film ne peut se faire sans une profonde émotion du au contexte.
Chronique criminelle prenant place dans la banlieue romaine des années 90, Mauvaise graine suit le parcours de deux amis d’enfance confrontés aux épreuves d’une vie pleine d’excès- drogue, bagarre, rivalités- sous le décor de la petite délinquance inhérente aux quartiers périphériques d’une grande ville ici Rome.
Claudio Caligari s'inscrit dans la descendance du Pasolini romain, celui d' "Accatone" même si on pense aussi au ean Streets"de Scorsese pour le coté"
400 coups nocturnesde ces petites frappes, des malfrats un peu bras cassés sur les bords,etpour cette même façon d’embraser le quotidien de cette petite criminalité désœuvrée incarnée par des jeunes sans repères.
En effet, le duo d’amis de "Mauvaise Graine "est composé de petits marginaux pas très brillants, enveloppés dans les vapeurs d'alcool et les drogues, et cette complicité évidente va tourner à mi film à la rivalité comme nos deux complices prendront des chemins différents, l’un s’enfonçant de plus en plus l’autre tentant de prendre une autre voie, plus légale, plus responsable.
On le voit d'emblée avec ces quelques lignes de présentation :le scénario n’est pas forcément des plus originaux, et la dernière partie, plus mélodramatique est également la moins bien écrite : on a du mal à croire à l’évolution, trop brutale de ces destinées contraires, il aurait fallu plus d’ampleur dans la mise en scène et plus de temps pour que le film tutoie les sommets de nos meilleurs années pour reprendre un chef d’œuvre récent du cinéma italien.
Mais ce portrait d’une une jeunesse italienne perdue et étouffée par sa condition sociale touche quand même au cœur, notamment grâce à son interprétation des acteurs vraiment éblouissante, en haut duquel trônent Alessandro Borghi et Luca Marinelli dans les roles de Vittorio et Cecasre, nos deux malfrats à la petite semaine.
Deux jeunes acteurs très prometteurs du cinéma italien, notamment Alessandro Borghi vu dans l’excellent Suburra (dont je vous reparle vite il vient de sortir en DVD), quant à Luca Marinelli - que l'on a déjà vu notamment chez Paolo Sorrentino et Paolo Virzi – il compose un Cesare certes moins attachant que Vittorio car plus barré et déroutant, mais avec également énormément de nuance et de justesse.
Grâce à ses acteurs, et à un montage plutôt percutant (même si le film semble souffrir des conditions de montage du au décès de son réalisateur), ce dernier film de Claudio Caligari, beau portrait d’une amitié fraternelle qui se délite mérite assurément le coup d’œil…que ceux qui ne seront pas à Cannes savent alors ce qu’il y a à faire…