(anthologie permanente) Claude Royet-Journoud

Par Florence Trocmé

Claude Royet-Journoud publie La Finitude des corps simples aux éditions P.O.L. Poezibao proposera tout prochainement une note de lecture de ce livre.
Kardia
La montée des eaux repousse l’ordure
et fait surgir
un corps oublié
la folie d’un ordre
elle parle de l’économie du mur
j’entends
l’économie de dieu
poupée couchée dans la caisse
qui « craint l’humidité »
visage tuméfié de celle qui meurt
c’est
de son vivant
l’assujettissementà un rôle
/
Un acquiescement insolite au monde qui se dérobe. La main touche le front. Quelques paroles déchirées n’atteignent aucun but. Elles se frottent à l’air, se retournent sur elles-mêmes et engloutissent l’énigme et son sommeil. Le corps s’agite, tente de rejoindre […] C’est une lutte perdue d’avance. Ils ne s’accordent guère. Le bruit sort de la gorge, mais provient d’un lieu innommé. Comment saurons-nous ? Les attaches tombent et libèrent un râle. Nous sommes au bord, à la limite. La poitrine cherche à éclaircir ce vide. Plus rien. La forme se rétracte. Pourquoi ? Un mot. Un seul. Et le regard qui se noie dans l’espace et vit son propre naufrage. L’enfance résiste.
/
L’image est hors d’atteinte
un chiffre élimine le nom
l’espace
du moins ce qui en tient lieu
dans l’embrasure d’une fenêtre
des îlots
des agglomérats humains se forment
elle se présente de face
j’en prends une : c’est la mer
aucun personnage
(…)
Claude Royet-Journoud, La Finitude des corps simples, P.O.L., 2016, p. 9 à 11.
Claude Royet-Journoud dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait 1, recension de Seul le renversement de Michèle Cohen-Halimi, La poésie entière est préposition (note de lecture), Théorie des prépositions (parution), extrait 2, Kardia (par A. Malaprade), ext. 3