Je reviens à peine du colloque organisé par l’AFDA et l’Université Nancy II, avec le soutien de l’IRENEE, du Conseil régional de Lorraine, du Conseil général de Meurthe et Moselle, de la Communauté urbaine du Grand Nancy et des éditions LexisNexis, que je me languis déjà le prochain.
Il faut dire que le thème du colloque qui sera organisé par l’AFDA et l’Université Montpellier I les 11 et 12 juin 2009 ne saurait laisser aucun juriste indifférent : la doctrine.
Il n’a pas fallu longtemps pour que l’AFDA s’intéresse à la doctrine. Lors de sa première journée d’étude, elle s’intéressait déjà au cinquantenaire de la première édition du GAJA (Les grands arrêts de la jurisprudence administrative, publié chez Dalloz), dont beaucoup considèrent encore qu’il constitue l’ouvrage de base de l’étudiant. Et déjà le pavé était lancé : autocélébration ou introspection de la doctrine ? Reste que cette fois, ce n’est pas quelques vagues que les chercheurs en droit administratif prennent le risque d’affronter, mais un raz-de-marée de critiques (on peut toujours rêver !).
Etudier la doctrine du point de vue du droit administratif : quelle vanité ! Etudier la doctrine du droit administratif tous points de vue confondus : quelle nécessité ! N’omettons pas de rappeler, toutefois, qu’il ne s’agira sans doute pas l’année prochaine de réinventer l’eau chaude. Nous nous souviendrons donc – et à défaut nous les relirons – des travaux tels que ceux menés par le CURAPP et publiés en 1993 chez PUF.
Et finalement succombons au plaisir de nous imaginer ce colloque, comme on anticipe un évènement heureux futur…
Comment pourrait-on éviter une introduction à ce colloque rappelant qu’il n’est pas certain que la doctrine juridique soit une notion juridique et que dès lors on peut s’interroger sur la légitimité des juristes spécialisés en droit administratif à prétendre produire un discours sur un tel sujet ? Comment pourrait-on éviter une introduction à ce colloque incitant précisément ces juristes à ne pas craindre de se faire si nécessaire sociologues, ethnologues, psychologues ou plus évidemment administrativistes accomplis (qui prétend dissocier droit administratif et science administrative ? pas les membres du jury du concours d’agrégation de droit public en tout cas !) ?
Et pourrait-on espérer alors quelques contributions croustillantes, piquantes, grinçantes ; des contributions montrant la capacité des auteurs de la doctrine à prendre du recul sur leur propre fonctionnement ?
Osons le colloque suivant, du sujet le plus consensuel au sujet le plus diabolique !
I.Les acteurs de la doctrine
A.Les figures de la doctrine
1.Les génies de la doctrine
2.Les femmes dans la doctrine
B.La doctrine sans les docteurs
1.Les praticiens du droit dans la doctrine
2.Le Conseil d’Etat dans la doctrine
II.Les méthodes de la doctrine
A.Les supports de la doctrine
1.Les revues (…et corrigées)
2.Les colloques (…singuliers)
3.L’endoctrinement universitaire ou Sur les ban(c)s de nos facultés
B.Le travail doctrinal
1.La doctrine ne peut-elle être l’œuvre que de théoriciens ?
2.Les usages de la controverse
3.Les progrès de la doctrine ?
III.Les effets de la doctrine
A.La juridicité de la doctrine
B.Un rite communautaire
1.La bibliothèque idéale
2.L’imaginaire doctrinal