« Nous ne sommes pas peintres
« Nous ne sommes pas peintres » scandaient en choeur en 1967 les trublions de BMPT (Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier, Niele Toroni), jetant là les bases d'une critique radicale de la peinture et de la situation de l'artiste. Depuis le temps de ces postures désormais historiques, Daniel Buren a reconsidéré la pratique de son art au profit notamment d'une approche de la couleur utilisée en fonction du lieu qui s'offre à lui. Ce qu'il signe aujourd'hui à la Fondation Vuitton à Paris marque de façon spectaculaire le dernier état visible de ce travail "In situ", épousant dans sa totalité l'architecture de Frank Ghery. Ami de l'architecte depuis plus de quarante ans, Daniel Buren a bénéficié de la complicité de celui qui, après avoir délivré sa création au regard du public, se sentait désormais prêt à la voir accaparée par la démarche du plasticien. Daniel Buren pouvait alors investir les voiles de ce vaisseau immobile avec toute l'expérience acquise sur ce travail lumière/couleur dans d'autres lieux d'art réputés, à commencer par "Around the Corner" au Solomon R. Guggenheim Museum de New York (2005).
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- Buren Fondation Vuitton vue intérieure
La mise en œuvre d'un tel projet a déjà constitué un challenge impressionnant : les douze voiles de verre de la Fondation Vuitton, chacune de forme et de courbure différente, sont composées de plus de trois mille huit cents panneaux sérigraphiés. Daniel Buren a appliqué sur de damier transparent des filtres colorés (un rectangle de verre sur deux) sur chacune des voiles entourant le bâtiment. Treize couleurs interviennent pour composer cet habit d'Arlequin. L'équipe d'opérateurs à travaillé en nocturne pendant cinq semaines pour mener à bien l'installation de ces filtres colorés, tous de formes et de tailles différentes.
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"Observatoire de la lumière"
Daniel Buren 11 mai 2016 à la Fondation Vuitton
Aujourd'hui pour la première présentation de cet "Observatoire de la lumière", un invité de marque manquait à l'appel : le soleil. Son absence fut regrettée. Mais déjà, en dépit de ce manque de savoir vivre, le soleil n'a pu empêcher de laisser entrevoir combien l'architecture complexe, tourmentée de Frank Ghery offrait à Buren un jeu sans limite de couleurs, reflets, ombres colorées, du sol au plafond, sur tous les plans intérieurs du bâtiment. Sous un soleil éclatant, le stratagème d'Arlequin imaginé par Daniel Buren ne peut que se déployer dans cette mise en scène précise et pourtant livrée aux fantasques manifestations de la transparence, des jeux de cette lumière naturelle changeant au fil des jours.
Et comme un Arlequin peut en cacher un autre Daniel Buren nous surprend avec l'installation à côté de la Fondation Vuitton d'un « Buren Cirque ». Créée au début des années 2000 par l’artiste, en association avec les pionniers du cirque contemporain Dan et Fabien Demuynck, cette expérience pluridisciplinaire accueillera le public au sein de trois cabanons-lampions, pour trois représentations exceptionnelles.
Daniel Buren troque avec cette double initiative le costume rigoureux de l'artiste théoricien exigeant pour cet habit d'Arlequin extravagant auquel la Fondation Vuitton abandonne la maîtrise de son image. Sur cette scène inédite pendant des mois les pièges de la lumière et des couleurs n'en finiront pas d'attirer des milliers de photographes à la recherche de leur cliché d'exception.
Photos: de l'auteur
L’Observatoire de la Lumière de Daniel Buren
Fondation Louis Vuitton.
8 avenue du Mahatma Gandhi, Bois de Boulogne
Paris 16e.
A partir du 11 mai 2016.