Il est probable que l'affluence de la soirée inaugurale ne m'a pas permis de saisir la subtilité de cette direction. C'est en triant les photos que j'ai prises ce soir-là que j'ai remarqué sur l'une d'elle un bandeau rouge signalant un des axes : Chez moi, chez toi, chez les autres ...
Cette signalétique m'avait complètement échappée. J'ai été touchée par certains artistes mais j'avoue qu'il faudrait que je retourne sur place pour savoir dans quelle thématique ils s'inscrivent.
En tout cas c'était le travail d'Elsa Guillaume, née en 1989 à Carpatras, vit et travaille à Saint-Ouen, qui m'avait interpelée. Les feuilles suspendues de Succulente (2015) évoquent la survie dans une contrée imaginaire aussi bien qu'une référence à des traditions alimentaires que l'artiste revendique d'ailleurs.
Cet équilibre de bocaux m'a intriguée, tellement "raccord" avec les thématiques du blog.
Au loin, Dans l'air, le fond, 2013 sur une cimaise peinte en vert, de Marie B. Schneider, née en 1984 à Sarlat-la-Canéda, vit et travaille à Pantin.
Marie créé une atmosphère où l'on perd ses repères entre fond et forme, champs et hors-champs, réalité et imagination sans que nous parvenions à identifier un lieu tant ses frontières sont incertaines.
Chez moi, chez toi, chez les autres traite de la subjectivité artistique à l'oeuvre dans notre onde globalisé. Le chez soi est constamment le miroir du voisin de palier ou celui des antipodes. La dissemblance n'a de cesse de muter et de muer à chaque génération.
A l'inverse Golnâz Pâyâni, née en 1986 à Téhéran, vit et travaille à Saint-Ouen, met à la disposition du visiteur une paire de gants pour qu'il ose feuilleter son délicat Oasis, 2015.
Florence Lattraye, née en 1988 à Nancy, vit et travaille à Nice adopte un point de vue trsè radical avec la performance d'un agent cynophile, Facteur Peur, 2016.
Evoquant à travers cette oeuvre la mémoire de l'âge d'or industriel, Florence s'intéresse ici au spectre fonctionnel des objets. Cherchant à en révéler les aboutissants psychologiques, présents dans l'inconscient collectif, elle met ici le doigt sur une absurdité : l'aspirateur, en bois, aspire en fait sa propre matière de fabrication. Symboliquement inefficace et débarrassé de toute vanité, l'objet devient une sorte d'outil traceur ...
Clarissa Baumann, née en 1988 à Rio de Janeiro, vit et travaille à Paris, a elle aussi pris un objet du quotidien pour en faire une oeuvre d'art. Elle recevra le Prix des Beaux-Arts de Paris.
Marwan Moujaes, né en 1989 à Beyrouth, vit et travaille à Valenciennes, joue lui aussi sur ce qui est vu/caché avec 54 55, 2015. L'oeuvre se compose d'un vase et des fleurs cachant une image encadrée. Il s'agit de la photographie de deux enfants victimes d'un attentat chimique à Gotha en Syrie, le 21 août 2013, désignés par de simples chiffres d'identification, 54 et 55.
Julien Fargetton a été choisi par le Conseil Municipal des enfants de Montrouge, pour bénéficier d’une dotation de la Ville de Montrouge et d’une exposition à l'automne 2016 à la Galerie Artyfamily, à Paris.
Une visiteuse qui n'a probablement pas entendu l'artiste s'exprimer incarnait parfaitement le concept par son attitude au moment où j'ai déclenché mon appareil photo.
La boudeuse, 2016, est une installation sonore, acier, assises, bois, carte son, haut-parleurs, mini-mac qui permet d'entendre une chorale de chuchotements, tapotements et effleurages et qui est inspirée par la forme des confidents. Cette pièce sonore est réalisée en collaboration avec les protagonistes de l'ASMR, une pratique de la relaxation fondée sur l'exhaustivité de détails sonores. L'artiste recevra dans la soirée le Grand Prix du salon.
LE PRIX ADAGP DES ARTS PLASTIQUES : Clarissa Baumann (qui est donc doublement lauréate)Le lauréat recevra une dotation de l'ADAGP et aura également son portrait filmé par Arte et diffusé sur le site d’Arte Créative.
Il est amusant d'y trouver un artiste qui avait été retenu l'an dernier au salon comme artiste émergent, Tarik Kiswanson, né en 1986 à Halmstad, en Suède, vit et travaille à Paris.
Entre cage et squelette, Croisement 12, 2014, laiton et argent, et comme toute ses sculptures, semble revisiter, dans une veine inédite et plus abstraite, les statues africaines qui ont influencé Henri Matisse et Pablo Picasso.
Avec Masque, 2014, cristal, techniques mixtes, il combine, avec ironie et poésie, des symboles africains et européens pour redéfinir l'héritage postcolonial et les questions liées à la globalisation. Ses masques de cristal dialoguent avec ceux de Marcel Janco et deviennent ainsi le vecteur d'une histoire et d'une identité culturelle épurée des tabous tribaux africains liés au sexe, au culte, aux divinités et à la fertilité.
Actif de 1969 à 1990, le groupe célèbre "l'esprit chounette", qui fait l'éloge du banal et du vulgaire, en opposition aux modèles du goût défendus par les milieux culturels les plus influents de l'époque, s'inscrivant ainsi pleinement dans l'esprit dada du Cabaret Voltaire.
C'est une oeuvre qui me semble parfaite pour conclure.
Organisée et financée par la Ville de Montrouge depuis sa création en 1955, le 61ème Salon de Montrouge sera en entrée libre du 4 au 31 mai 2016
De 12h à 19h et 7 jours sur 7 au Beffroi.
43 Avenue de la République, 92120 Montrouge
Il devrait accueillir environ 25 000 visiteurs.