Ce mardi 3 mai, au moment où débutait l'examen de la loi Travail et où la rue défilait toujours, Le Pacte civique organisait, à l'Assemblée nationale, la 4e édition d'un temps de réflexion, avec une belle assistance et un titre agréable : "Fête du travail, faites des emplois !"
Quand le gouvernement distribue des gratifications aux "insiders" de la fonction publique, quand certains patrons du CAC40 imitent sans vergogne le sapeur Camembert en matière de rémunération... "passées les bornes, il n'y a plus de limite", il est réconfortant de pouvoir juger de la réalité de la dynamique et de l'empathie citoyenne, souvent portée par le tiers secteur.Au travers des interventions de l'ADIE de Maria Novak et Cathérine Barberoux, de celles d'ATD Quart Monde ou Solidarité Nouvelle Face au Chômage, il faut se persuader que ce pays est riche de ses territoires et que le citoyen actif, le vrai, est disponible pour avancer.
Le vrai citoyen, pas celui qui gesticule et vocifère dans des postures politiciennes, amoureux du grand soir et qui flirte avec des casseurs nihilistes, qui insultent les forces de l'ordre.
Le vrai citoyen, celui qui sait et constate que l'entreprise suspecte pour beaucoup, se révèle être un puissant instrument de lutte pour l'insertion. Physiquement d'abord par la qualité des cadres actifs ou retraités qui donnent du temps, et matériellement par l'importance du mécénat qui se révèle en net regain dans le pays.
L'entreprise, qui vient soutenir l'initiative associative, ce tiers secteur, qui évolue avec lucidité, car il sait qu'il peut être demain le chaînon manquant entre le trop libéral et le trop administratif.
Le directeur général de Pôle Emploi, invité vedette de la journée, l'a bien compris et a pu constater la demande de collaboration et d'informations. Avec un beau sang-froid, il a répondu, il a essuyé les attaques, et répondu de manière constructive aux attentes.
Il a dressé, un beau carnet de route pour l'institution qu'il anime, en indiquant que son rôle premier n'est pas de se cantonner dans la présentation des offres, mais faire mieux en analysant le marché du travail et celui de la formation.
Reste que certains blocages mentaux et structurels vont devoir être levés, pour gagner cette lutte contre le chômage, qui est une priorité absolue.
Face à ce mal qui nécrose notre lien social, il faut tout essayer, en faisant montre d'audace. L'emploi est un déterminant fort, de la santé, du logement de la dynamique économique et fiscale, il faut donc innover en bousculant des citadelles.
Il en est de l'ardente obligation de revoir les modes de recrutement des fonctions publiques, en renonçant en large part aux concours. Ainsi, chaque employeur public ou parapublic (État, C.L, Hospitalière) doit pouvoir pourvoir, pour tout emploi vacant ou créé, par le vivier de Pôle Emploi.
Cette mesure de simple bon sens, outre qu'elle évitera de charger le grand livre de la dette publique, par des emplois statutaires à vie, permettra de vérifier qu'à de rares exceptions, les emplois proposés ne requièrent pas des qualifications très particulières.
Il semble aussi possible de demander à toute entreprise, en fonction de son effectif, d'intégrer un demandeur d'emploi, pour le garder dans le cercle actif, voire le former. Le chômeur indemnisé serait tenu de passer 3 jours par semaine dans l'entreprise (rapport indemnisation/salaire) et disposerait de 2 jours pour formation et recherche alternative.
L'entreprise serait en charge des frais de transport et de repas. À l'issue, le demandeur trouverait sans doute, souvent occasion de recrutement effectif et dans tous les cas, il sera resté en contact avec le travail et la vie sociale active.
Il reste, et c'est là l'essentiel, que ce colloque comme celui organisé par le collectif "Synergies Citoyennes" permette de vérifier le formidable élan du monde associatif et du citoyen pour apporter des réponses pertinentes aux enjeux du moment.
C'est la preuve que notre démocratie peut être débloquée par la base, et qu'il appartient simplement à un État stratège, d'organiser et fluidifier les réseaux citoyens de proximité.
Cela implique de repenser l'organisation de notre fonction publique qui reste beaucoup trop normative et jacobine. Pôle Emploi semble l'avoir compris en laissant à ses antennes locales de belles marges d'initiatives, en terme de communication et de collaboration. Il faut passer de l'État territorialisé à l'État territorial, qui facilitera l'amalgame des forces vives des territoires.
Cela ne nuira à aucun des ingrédients d'une belle démocratie à la française que sont fraternité, justice, solidarité et surtout dignité.
Voilà une autre belle feuille de route pour 2017 !
R. Hasselmann