Captain America : Civil War se plante là comme un troisième épisode fantôme de la franchise Avengers, cette saga qui se paie le luxe de présenter une équipe de personnages détestables et de centrer l’intrigue uniquement sur la détestation qu’ils peuvent susciter. A bout de souffle, l’arrivée des frères Russo ne réussit pas à sauver les Avengers d’eux-même, se contentant de répéter la même recette que dans Avengers : L’ère d’Ultron. On en vient à rêver que cette guerre civile mette vraiment fin à leurs agissements et que l’on revienne à plus de créativité et de subtilité. A l’image de Zemo, on ne rêve plus que d’une chose : débarrasser la Terre de cette engeance dégénérée et interventionniste, reflet de l’US Army.
Alors que le gouvernement américain décide de mettre les Avengers sous tutelle démocratique, Captain America (Chris Evans que l’on a vu dans Avengers : L’ère d’Ultron) s’y oppose tandis qu’Iron Man (Robert Downey Jr. également vu dans Avengers : L’ère d’Ultron) signe le traité de coopération avec les Nations Unis.
La Sorcière Rouge (Elizabeth Olsen que l’on a vu dans Avengers : l’ère d’Ultron)
Alors que les Studios Marvel sont particulièrement appréciés pour avoir créé un univers ambigu où les super-héros sont souvent torturés par leur conscience autant que les super-vilains sont avant tout des victimes de la société ayant mal tournées, Avengers est, depuis le départ, la licence la plus aseptisée de l’univers cinématographique de la maison d’édition. Après trois épisodes, en comptant celui-là que l’on ne peut compter au sein de la franchise Captain America, elle atteint ses limites, se répétant à l’envie. Le seul leitmotiv d’Avengers est de condamner la politique interventionniste américaine d’une main et la justifier d’une autre. Une logique qui amène forcément à ce nouvel épisode, imitation trait pour trait du précédent, même enjeux et même moral, maquillés par la dispute opposant Captain America et Iron Man, porté par un vilain moins charismatique. Avec la même problématique de droit international, le concurrent DC Comics a frappé avec Batman V Superman : l’aube de la justice, un coup bien plus clair. Ici, on ne fait que survoler le thème. En matière de charisme, il est d’ailleurs à noter que cette volonté évidente de réunir les personnages les moins charismatiques de Marvel pour leur donner plus de consistance échoue lamentablement. N’importe quel X-Men a plus de profondeur que n’importe lequel des Avengers. Éclipsés par Captain America et Iron Man, les autres protagonistes sont inintéressants et très peu développés. Sûrement pour pouvoir, un jour ou l’autre, laisser du grain à moudre pour des spin-off.
Captain America (Chris Evan) et Iron Man (Robert Downey Jr.)
On ne peut pas s’attacher à ses personnages, ils n’ont pas d’affect, ce sont des reflets froids de la métaphore qu’ils incarnent, Captain America restant malgré les traumatismes de la guerre, le troufion patriote de base, et Iron Man, un financier cynique et manipulateur, les autres étant réduits à faire-valoir. Et non seulement, les Avengers ne dégagent aucune émotion mais, au mieux, provoque-t-il l’agacement devant leur entêtement impérialiste. On avait, pour Avengers – L’ère d’Ultron, salué la critique de l’impérialisme guerrier qui s’en dégageait, prouvant que l’on intervient à l’étranger pour réparer des situations catastrophiques que l’on a nous-même créer. Mais notre conclusion était évidente : Ultron avait raison et aurait du avoir le dessus sur les Avengers. On nous recrée la même farce avec Zemo (Daniel Brühl) et comme pour l’épisode précédent, Captain America : Civil War nous laisse sur notre faim. Il faudra bien qu’un jour, ils paient réellement les effets des graines qu’ils sèment. On finit par se demandait si au-delà de la dénonciation, Avengers ne prône pas plutôt la résignation. Et ça nous agace fortement. Cette branche de l’univers Marvel est un éternel recommencement que l’on s’inflige comme une punition. Qu’ils meurent ! Seule lueur d’espoir, l’apparition d’Ant-Man (Paul Rudd que l’on a adoré dans Ant-Man et entendu dans Le petit Prince), trublion outsider et de Spiderman (Tom Holland II), un vrai héros qui sait qu‘ « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. » tente de redorer le blason de l’équipe. En vain.
Soldat de l’Hiver (Sebastian Stan que l’on a vu dans Ricki and the flash et Seul sur Mars)
N’en jeter plus, la coupe est pleine ! A la rédaction, on va rentrer en cure de désintox. Il est temps de se sevrer des sirènes super-héroïque. Devant la multitude innombrable de nouvelles licences qui, cette année encore, seront porté à l’écran, on craint que la machine, jusqu’ici bien huilée, ne s’enraille, reproduisant les mêmes schémas, se ringardisant d’elle-même. Tout est affaire de mesure. Une notion que les producteurs de Marvel semblent avoir oublié et dont le public finira par se lasser.
Boeringer Rémy
Pour voir la bande-annonce, c’est par ici :