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L’exposition, joliment nommée "L’Opéra du Monde" comme le livre qui l’accompagne, réfère à une conception simple et réfléchie de la photographe: "un opéra, c’est tragique et magnifique à la fois". Cet opéra couvre 30 années de conflits et révèle pour la première fois deux aspects de son œuvre, le premier issu de sa carrière de correspondante de guerre de renommée internationale et le second plus personnel, plus fantasque, avec des travaux artistiques colorés plus récents.
Sa première photo fut prise au Tchad en 1970, pendant le conflit, avec l’appareil photo de son frère Éric. Elle qui se destinait à une carrière d’écrivain après des études de lettres françaises et espagnoles. Trois ans plus tard, son frère se suicide à l’âge de 23 ans et lui lègue son appareil photo. C’est à ce moment-là qu’elle se lance dans le reportage de guerre, "pour témoigner des causes justes" explique-t-elle. Son point de vue? "Toujours se placer du côté des opprimés".
Quatre salles lui sont consacrées, deux pour ses années de guerre et deux autres pour ce qu’elle nomme ses "années lumière". Des photos plus intimes, marquées par la couleur, la douleur d’un deuil et le retour à une forme de paix intérieure.
Cette partie expose ses photos de guerre emblématiques, en noir et blanc, qui ont été publiées dans les plus grands magazines: Life, Time, Newsweek, Paris Match… En Irlande du Nord ou au Cambodge, au Liban ou en Irak, Christine Spengler est toujours aux côtés des victimes et des opprimés. Son regard, quant à lui, toujours tourné vers les survivants.
Capturées avec son appareil fétiche, Nikon, "les photographies de Christine Spengler parviennent toujours à capter un regard, celui d’une femme souvent, qui semble vouloir répondre au sien. Sa force à cette époque, c’est la féminité de son objectif". En tant que femme, elle a pu pénétrer l’intimité de femmes iraniennes, d’hôpitaux féminins interdits aux hommes, obtenir des images et des confessions auxquelles un homme n’aurait pas pu accéder. Jamais terrifiantes ni sanglantes, toujours délicates et justes, ses photographies de guerre constituent un véritable monolithe historique.
Elle dévoile ses photos multicolores, celles qu’elle a réalisées à chaque retour de reportage pour "exorciser la douleur". Des œuvres excentriques inspirées à la fois par l’univers de sa mère (l’artiste surréaliste Huguette Spengler) et par les grands maîtres du Prado (bercés au temps de son enfance madrilène).
Elle explique sa démarche comme une façon de les garder vivants, un peu comme on décore une tombe: "Pour chaque photo de deuil que j’avais prise dans ma vie j’allais créer une photo de beauté".
Après avoir photographié le deuil du monde, Christine Splengler offre des images de paix qui sont un véritable hymne à la vie.
"L'Opéra du Monde", exposition à découvrir à la Maison Européenne de la Photographie à Paris, du 6 avril au 5 juin 2016.