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Nous sommes toutes des députées EELV

Par Mpbernet

METTEZ-DU-ROUGE

Evacuons tout de suite la question de savoir « pourquoi maintenant » cette sordide histoire de harcèlement sexuel sort des limbes … Il y a sans doute la longue prise de conscience des victimes à oser briser la loi du silence (trop, c’est trop !) et peut-être aussi la volonté de déstabiliser une équipe ayant « pactisé » avec l’ennemi … Ce genre de stratégie du coup de pied de l’âne ou du chien de ma chienne ne me touche en aucune manière, sauf si l’on considère que ces manœuvres décrédibilisent encore – s’il est possible – la classe politique dans son ensemble et contribuent à faire progresser les idées extrémistes.

Revenons au fond de l’affaire : le comportement inadmissible de certains hommes (c’est beaucoup plus rare chez les femmes !) détenteurs d’un peu de pouvoir envers les femmes. De la remarque salace considérée comme comme un hommage fruste à la beauté jusqu’à la rafale de SMS graveleux, de la main furtivement passée sous la jupe au baiser extorqué dans un couloir désert, de la menace de rétorsion si la cible ne répond pas à des avances explicites au non-renouvellement de contrat ou même au licenciement abusif … Toutes ces manoeuvres sont très difficile à prouver par les victimes.Toutes les femmes actives et quel que soit leur niveau de responsabilité dans l’organisation, ont eu à subir ce genre d’agression, même enveloppées dans du papier de soie.

Dans le cadre de mon activité professionnelle de DRH, je me souviens de deux cas en particulier. Une assistante de direction plus toute jeune mais ravissante, élevant seule des enfants déjà grands, vint un jour me confier que son chef de service, un jeune cadre plein de talent par ailleurs, lui tenait des discours d’amoureux transi et voulait l’inviter à déjeuner au moins une fois par semaine. Il n’y avait aucune violence mais la situation devenait pour elle intenable. D’autre part, elle ne pouvait pas perdre son emploi et me demandait conseil. Pour ma part, je ne savais quel crédit accorder à cette collaboratrice, car le portrait qu’elle me dressait de son patron ne cadrait pas du tout avec l’image que celui-ci reflétait. J’ai eu une opportunité de proposer un poste d’intérêt équivalent à cette secrétaire et je l’ai transférée sans rien en dire à son ancien ni à son nouveau patron. Dans le même temps, j’ai affecté au chef de service amoureux une autre personne très compétente mais d’un physique nettement moins avenant. J’attendais que ledit chef de service déboulât en furie dans mon bureau pour se plaindre de cette mutation aussi brutale que non concertée … Il n’en fut rien. Il ne moufta pas … J’ai peut-être rendu un grand service à son épouse …

Le deuxième cas m’est personnel. Lors d’un voyage d’étude à l’étranger où je jouais les organisatrices, le Président du Groupe auquel appartenait mon employeur et en présence de celui-ci me mit sous le nez la clé portant le numéro de sa chambre, avec un sourire en coin. C’était quelqu’un de très important et je ne savais plus comment réagir … Brusquement avec un « Mais pour qui me prenez vous ? », ou comme une idiote qui fait semblant de ne pas comprendre … Mes camarades masculins étaient sidérés mais nul ne releva l’énormité de la proposition sauf d’un « Marie-Pierre, je crois que tu as le ticket, là ! ». C’était il y a plus de 20 ans et je m’en souviens encore comme d’une humiliation, une souillure. Même si par ailleurs, je respectais cet homme pour son professionnalisme. Et l’affaire ne s’arrêta pas là. Nous savions tous que la DRH du Groupe était sa compagne hyper vigilante (on la comprend !). Je sus par une bonne âme que cette femme s’était renseignée sur moi et qu’à un moment, ma situation aurait pu être menacée.

Ceci pour dire qu’il faut effectivement faire tomber les masques et arrêter de regarder au ciel quand une femme se plaint de tels agissements. Qu’importe la bonne renommée du Parti, du Service, de la Boîte … Agir tout de suite, voler dans les plumes de l’agresseur, en parler, se faire aider. Après le passionnant ouvrage de Marie-France Hirigoyen sur les pervers narcissiques et l’adaptation de la loi réprimant le harcèlement professionnel, on a fait de grands progrès dans la reconnaissance de ce type d’agression. Car ces hommes ne se découragent jamais. Pour dix rebuffades essuyées, il y en a toujours une qui fonctionne ! Et ils en sont fiers …

Pour le harcèlement sexuel, dans certaines sphères particulièrement machistes comme le monde politique – bien des hommes se lancent dans la carrière pour séduire à tour de bras loin de leur circonscription et de leur famille légitime – la parité est loin d‘être acquise et les femmes sont juste tolérées. Je reste toutefois encore sidérée devant la chape de silence qui a précédé la révélation des pratiques sexuelles musclées d’un certain économiste international et devant les réactions pour le moins emberlificotées de nos élus qui, depuis longtemps, savaient, dans l’affaire qui a éclaté hier. La démocratie, c’est le respect de l’autre. Commençons par les femmes !


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