Ce n’est pas tous les jours où deux studios tentent simultanément de brasser quelque peu la cage de l’industrie du jeu vidéo en lançant des titres colorés, excitants et disposant des atouts nécessaires pour devenir des classiques des esports. Avec Battleborn, et surtout Overwatch, c’est pourtant ce qui est en train de se produire.
Loin des tons de gris et de vert habituels des jeux de tir à la première personne, loin des combats dans l’espace promis par le prochain Call of Duty ou des massacres de l’époque de la Première Guerre mondiale annoncés par DICE avec Battlefield 1 (les amateurs d’attaques aux armes chimiques seront comblés), Gearbox Software et Blizzard plongent dans les couleurs néon, les armes et habiletés aussi nombreuses que farfelues, ainsi que dans des domaines jalousement gardés par d’autres grands développeurs.
Au cours du dernier weekend, et jusqu’à mardi sur Battle.net, les curieux peuvent ainsi se faire la main avec la version test d’Overwatch, un FPS multijoueur coopératif qui place l’immense Team Fortress 2 dans le collimateur.
Jouabilité
Dans un monde où une équipe de héros a autrefois protégé la Terre contre les forces du Mal, les joueurs endossent les traits de 21 personnages différents qui disposent tous d’habiletés offensives et défensives particulières. Ces personnages sont regroupés en quatre grandes catégories : offensive, défensive, soutien et premiers soins.
Blizzard a d’ailleurs mis le paquet pour concevoir des personnages qui se ressemblent tous un peu, mais qui sont suffisamment différents et complexes à maîtriser que chacun d’entre eux donne une impression de nouveauté et d’exotisme. La prise en main est simple et facile, d’autant plus qu’il y a toujours la possibilité de s’entraîner contre des joueurs contrôlés par l’intelligence artificielle avant de plonger dans la véritable mêlée en ligne.
Un nouveau joueur peut raisonnablement espérer être minimalement utile à son équipe lors de son premier vrai match.
Bien entendu, entre savoir se déplacer sans rester coincé dans un mur et dominer toute une partie grâce à des réflexes à la milliseconde près, il y a un fossé qu’il ne sera pas aisé de franchir.
Mais en profitant de quelques minutes d’entraînement, un nouveau joueur peut raisonnablement espérer être minimalement utile à son équipe lors de son premier vrai match. La maîtrise d’un ou plusieurs personnages viendra plus tard, avec le temps.
Design
Comme Team Fortress 2 avant lui, Overwatch laisse le réalisme militaire aux oubliettes et mise plutôt sur des visuels frappants et une utilisation abondante de couleurs voyantes. Les niveaux sont particulièrement variés – des villes modernes, des temples anciens, des affrontements à la pénombre, sous le chaud soleil de midi, etc. – et regorgent bien souvent de passages alternatifs par lesquels il est possible de contourner les ennemis pour les surprendre et ainsi prendre l’avantage sur l’équipe adverse.
Côté missions, on retrouve l’habituelle liste de modes de jeu communs à un FPS compétitif multijoueur. Dans le cadre de la version test, les modes de capture de points de contrôle, d’escorte d’une cargaison précieuse, ou encore d’occupation d’un territoire précis étaient accessibles. Nul doute que Blizzard offrira des modes supplémentaires au lancement du jeu, ou en contenu téléchargeable par la suite.
On appréciera également l’esthétique très cartoonesque, avec des personnages souvent typés, mais qui ne tombent jamais dans le cliché. Le cowboy, la mystérieuse tireuse d’élite, l’éclaireuse frondeuse, le robot qui se transforme en char d’assaut, le gorille agressif, le ninja, la conductrice de robot de combat, etc.
Blizzard a aussi pensé à fignoler son expérience utilisateur en incluant entre autres des conseils pour mieux s’en sortir qui s’affichent après avoir perdu une vie, ou encore des commentaires étrangement réalistes de la part des adversaires contrôlés par l’ordinateur. Des petites choses, certes, mais c’est ce souci du détail qui risque de faire la différence, au final.
Conclusion
Ne passons pas par quatre chemins : Blizzard ne tenterait pas sa chance avec une nouvelle franchise si l’entreprise derrière StarCraft 2 et Diablo III ne croyait pas possible d’ébranler la suprématie de Valve, qui règne en maître sur le domaine des FPS compétitifs en ligne non seulement avec Counter-Strike : Global Offensive, mais surtout avec Team Fortress 2.
Cependant, neuf ans après la sortie de ce dernier titre, on peut imaginer que les joueurs ont soif de nouveauté. Le concept de base de TF2 tient encore certainement la route, mais avec plusieurs centaines de succès à déverrouiller, des armes par dizaines, et surtout des microtransactions à la tonne, le jeu est devenu gargantuesque. Ce qui l’avantage? Le fait qu’il soit gratuit (Valve faisant le plein d’argent avec ces mêmes microtransactions).
Reste à savoir si l’envie de remplacer TF2 est suffisamment forte pour passer outre le prix de lancement d’environ 80$ CA.
Blizzard, de son côté, présente un jeu particulièrement solide, et ce même pour une version bêta. Et comme il existe déjà du contenu à déverrouiller au fur et à mesure que les joueurs gagnent des points d’expérience, tout porte à croire que le studio va lui aussi se laisser séduire par les sirènes des microtransactions et de l’argent facile. Reste à savoir si l’envie de remplacer TF2 est suffisamment forte pour passer outre le prix de lancement d’environ 80$ CA. La norme pour un titre AAA, peut-être, mais pour l’instant, le jeu n’en vaut pas nécessairement la chandelle.
Et comme Blizzard dispose de sa propre plateforme de vente en ligne qu’il contrôle d’une main de fer, les joueurs intéressés devront soit prendre leur mal en patience, soit sortir la carte de crédit et plonger dans l’inconnu.