Blanka, ou cet intarissable producteur [Interview]

Publié le 09 mai 2016 par Unionstreet

photo by Flavien Prioreau

On vous avait posté dernièrement une chronique sur Blanka…mais finalement qui de mieux placé que Blanka en personne pour parler de son parcours, de sa musique et d’un tas d’autres choses?
Une connaissance solide de la musique, un respect de la culture hip-hop, une envie de partager avec les autres, un esprit fédérateur… c’est en tout cas les principales qualités que l’on retient de lui à travers cette interview!
Ayant évolué du deejaying au beatmaking, il nous explique ici avec générosité son attachement au scratch mais aussi au sample.

Union Street : Peux-tu te présenter s’il te plait.

Blanka : Je suis Blanka de La Fine Equipe, de Jukebox Champions et Les Fines Bouches. Je fais des beats depuis 15 ans mais j’ai commencé par le deejaying et par l’approche des platines. J’avais une émission de radio à Marseille pour laquelle je faisais des mixes. J’ai d’ailleurs rencontré  oOgo de La Fine Equipe a la fac au détour d’une soirée (on était dans le même lycée mais pas de la même année) je l’ai invité à venir faire l’émission avec moi. Lui produisait déjà à l’époque pour son groupe de hip-hop français, et il avait une MPC 3000. Et c’est pour ça que je me suis mis un peu à la production. Ensuite on a rencontré Gib, le troisième de l’équipe par personnes interposés, qui montait faire une école d’ingénieur du son a paris. Je l’ai suivi, et c’est dans l’école qu’on a rencontré Chomsky, le quatrième de l’équipe qui, lui, est un pur parisien. Par la suite, on a sorti notre premier projet qui se trouve dans le commerce qui s’appelle La Boulangerie, puis Fantastic Planet.

US : Quelle place accordes-tu au hip-hop depuis que tu as commencé le son?

B : C’est le truc principal. Je faisais de la musique avant de me mettre aux platines, notamment du piano, mais c’est vraiment par des groupes comme A Tribe Called Quest ou Slum Village qu’oOgo m’a fait découvrir que j’ai vraiment commencé à apprécier le hip-hop. C’est ma culture de base, et par la suite, ça m’a aussi amené à connaitre ce qui se samplait. J’ai acheté plein de disques de hip-hop et les émissions de radio qu’on faisait étaient autour de ça. A l’époque, il n’y avait pas internet donc la recherche se faisait vraiment par les magasins. On essayait de trouver des nouveaux trucs, de se faire conseiller par le vendeur, par des potes qui s’y connaissaient, ou de découvrir à travers des émissions de radio. Mais à Marseille, on n’avait moins d’émissions de radio que ce que vous aviez et je pense que ça limitait beaucoup l’accès. J’ai le souvenir d’être monté à Paris pour acheter mon premier sampleur. A l’époque, on avait aussi fait un saut chez Urban Musique pour acheter des disques. C’était la Mecque, il y avait toutes les nouveautés et on était reparti le coffre plein.

US : Peux-tu nous expliquer la technique du turntablism et celle du beatmaking selon toi?

B : Turntablist, c’est manipuler des disques musicalement pour arriver à créer des choses qui ne sont pas sur le disque à la base. Ce n’est pas que mixer, c’est aussi scratcher et faire du beat juggling même s’il y en a un peu moins maintenant. Dans le scratch, on ne peut pas tout connaître en deux secondes, il y a des codes et des techniques. Les gens pensent que c’est juste bouger un disque, mais ce n’est pas simple.

Le beatmaking à la base, ça se faisait avec des sampleurs. A l’époque, il n’y avait pas de home studio, donc la technologie à laquelle on avait accès était beaucoup plus réduite. Il y avait quand même de gros synthés analogiques, mais c’était beaucoup plus cher et moins accessible. Et quand on voulait enregistrer dans des conditions correctes, il fallait aller dans de gros studios qui coûtaient vraiment très chers. Aujourd’hui, on a accès à tous ces synthés virtuels et on peut faire plein de choses beaucoup plus facilement que ce que l’on pouvait faire avant.

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« Aujourd’hui, je suis vraiment plus dans le beatmaking mais (…) j’essaie toujours de mettre des scratchs sur les projets que j’ai, je trouve que c’est super important. »

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US : Allies-tu les deux techniques aujourd’hui ?

B : Oui. J’ai eu une longue période où j’étais plus dans le deejaying que dans le beatmaking, surtout au tout début quand j’avais des émissions de radio. Je m’essayais un peu au beatmaking, mais les émissions et les mixes que je faisais me prenaient beaucoup de temps. Et puis j’adorais les compét’, les DMC, etc.

On a commencé à faire des trucs à trois avec Gib et oOgo. On avait par exemple préparé un set pour un évènement qui réunissait des équipes de djs à Marseille, on adorait ça. Et puis ça a basculé quand je suis monté à Paris et que j’ai connu Chomsky. Lui, à la base, était moins dans la culture hip-hop mais on a été très rapidement en coloc après avoir commencé l’école ensemble, et le fait que je fasse du hip-hop l’a motivé. Il a acheté une MPC pour s’y mettre et je m’y suis mis aussi encore plus. Ça nous incitait à faire toujours plus les uns par rapport aux autres, mais c’était positif. J’aime bien quand on se motive comme ça.

Aujourd’hui, je suis vraiment plus dans le beatmaking mais j’ai encore des platines chez moi et je scratch toujours. J’essaie toujours de mettre des scratchs sur les projets que j’ai, je trouve que c’est super important, ça apporte un truc en plus. Même sur scène c’est bien aussi de scratcher. J’entends bien que se prendre une heure de scratch pur comme ça dans la gueule, ça puisse être un peu fatiguant pour des néophytes, mais bien amené ça apporte vraiment quelque chose en plus.

US : Pour moi, La Fine Equipe (tout comme les C2C) a su révéler le beatmaking en France, ou du moins a su l’amener sous une forme autre que ce qu’il existait déjà. Es-tu d’accord ?

B : Le seul truc qui a changé pour moi, c’est la façon dont les producteurs ont été mis en avant. Les beatmakers sont des producteurs. Souvent, quand il y avait un album qui était fait avant, c’était le chanteur, la chanteuse ou le vocaliste qui était mis en avant. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y avait pas de gros producteurs derrière. Il y a toujours eu de gros producteurs. Mais pour le savoir il fallait s’intéresser aux crédits . Quand j’achetais des disques, je m’intéressais toujours à ça. Ça a tendance à se perdre de nos jours avec la dématérialisation de la musique et notre manière de consommer.

A un moment, ce truc là a switché et on a commencé à voir des albums de beatmakers. C’était les beatmakers qui invitaient les vocalistes et l’album restait sous leur nom. BBE a beaucoup fait ça à un moment avec Jay-ZPete Rock ou Marley Marl. Ces mecs produisaient tellement pour tout le monde qu’au bout d’un moment, ils ont eu envie de faire leurs propres trucs et de se mettre un peu plus en avant, ce qui est compréhensible.

En France, je dirais qu’effectivement C2C a vraiment beaucoup contribué à démocratiser tout ça. Ça faisait déjà longtemps qu’ils faisaient des choses, mais ils ont démocratisé le beatmaking dans le sens où ils l’ont rendu un peu plus compréhensible à tout le monde. C’est là où c’était malin. Ça restait du beatmaking de qualité, mais en même temps, une personne lambda qui venait au concert pouvait comprendre ce qui se passait.

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« (…) il y a cette idée de compétition, mais une compétition positive. Quand une nouvelle vague arrive et met la pression à la vague d’avant, au moins ça fait bouger tout monde.  »

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US : Comment expliques-tu cette recherche de puissance autour du beat dans le hip-hop?

B : C’est la base de la culture hip-hop et de sa musique. S’il n’y a pas de beatmakers et de DJ il n’y a pas de musique. Et puis il y a cette idée de compétition, mais une compétition positive. Quand une nouvelle vague arrive et met la pression à la vague d’avant, au moins ça fait bouger tout monde. Finalement, ça force tout le monde à faire des choses mieux.

Même si je n’aime pas tout ce qui se fait, je garde une oreille attentive à tout ça, ça me fait aussi évoluer dans ma façon de produire.

US : Tu as réalisé des albums pour les Phases Cachées et Hippocampe Fou, peux-tu nous en parler ?

B : Oui, j’étais là pour l’enregistrement de tous les morceaux et je donnais mon avis. Si des trucs ne me plaisaient pas je le disais clairement. Je leur faisais part d’un feeling sur la musique et leur disais à certains moments que peut être j’aurai entendu les choses autrement. Après j’ai récupéré toutes les prods, j’en ai arrangé certaines et en ai aussi faites quelques unes pour que l’album soit plus cohérent. J’ai rajouté des petites choses à droite à gauche et j’ai monté la structure des morceaux avec les gars. J’ai pu avoir une vision globale du projet pour les aider à choisir les morceaux à mettre sur l’album. Après, il y a eu aussi le montage de l’album, c’est à dire faire le tracklisting.

Quand tu réalises, tu assistes aussi l’artiste qui a des doutes sur son projet et pour qui c’est dur d’être seul. Quand tu as un avis extérieur, tu te remets en question et je trouve que c’est assez sain d’avoir des gens en qui tu as confiance et à qui tu peux demander un avis. Même si c’est négatif, ça fait avancer et je préfère. Par exemple, sur ça Guts ne fait pas de cadeau. Quand il y a un truc qui ne lui plaît pas, il va te le dire clairement.

US : Il te l’a déjà dit?

B : Oui il me l’a déjà dit clairement, mais je ne le prends pas mal. Ça me fait du bien, ça me botte le cul et je me dis qu’il a raison sur certains trucs que je pensais déjà mais que je n’osais pas m’avouer. Je me dis juste que s’il me fait remarquer ces trucs, c’est que tout le monde doit l’entendre.

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« Ce n’est jamais facile de trouver un gros sample, c’est un travail de recherche. Certaines personnes se disent que c’est juste mettre un son en boucle, mais trouver le morceau c’est déjà énorme.   »

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US : Quand tu fais des morceaux, tu aimes sampler quoi comme sonorités ou comme styles musicaux?

B : Il n’y a pas de limites, j’aime bien découvrir plein de styles différents. J’adore être toujours étonné par des musiques que je ne connais pas.

Souvent je vais chez Modo, un digger et un beatmaker de Paris qui a un magasin à Saint-Ouen. Il travaille avec Uggly Mac Beer, qui lui fait plus des breakbeats.
Quand je vais chez Modo, je lui dis par exemple que je cherche des claviers ou des batteries. Il me fait une petite sélection qu’il me fait écouter. C’est souvent lui qui me fait découvrir des choses. Je trouve ça super cool d’avoir des gens en qui tu as confiance et qui te connaissent.

Pour te dire la vérité, c’est souvent aussi ma copine qui ramène des disques. Elle a toujours super bon goût. Et pourtant, parfois elle achète des trucs qu’elle ne connaît pas non plus, à la pochette, et c’est toujours des trucs de fou. Je me retrouve tranquillou dans le salon à écouter ça, et puis je me dis que ça pourrait être énorme à sampler.

J’adore sampler et je n’arrêterai jamais, ça c’est sur et certain. Mais je sample différemment aujourd’hui.
Ce n’est jamais facile de trouver un gros sample, c’est un travail de recherche. Certaines personnes se disent que c’est juste mettre un son en boucle, mais trouver le morceau c’est déjà énorme. C’est pareil pour le DJ pour qui on pense que ce qu’il fait se résume juste à poser des disques. Ce n’est pas vrai, il y a une sélection à faire avec laquelle il faut qu’il te fasse voyager. Je trouve le travail de sélection, ou de digging aussi important que le travail de production.
Si tu as un truc de merde à la base, tu peux faire ce que tu veux avec, ça restera de la merde. Merde in, merde out !

Pour travailler, je reste quand même très attaché à tout ce qui est hardware parce que tout le hip-hop que j’ai écouté a été fait avec ces machines. Il y a vraiment un grain que j’aime et que je ne retrouve pas avec les techniques modernes : c’est à dire un ordi et un clavier MIDI.

US : C’est important pour toi de trouver un juste équilibre entre l’ancien et le moderne dans ta musique ?

B : Oui, c’est pour ça que j’utilise aussi les dernières technologies, je pense qu’il y a du bon dans les deux. Je pense que certaines choses sont mieux à faire avec du hardware, et inversement ! La recette pour moi c’est de faire un subtil mélange entre sampleurs et synthés hardware à l’ancienne et software pour les techniques modernes.

US : Comment est venu le projet avec Cheeko ?

B : Pour notre projet avec Cheeko qui s’appelle Cheeko et Blanka sont trop cool, on est allé dans l’extrême. Ce n’est même plus du sample sur ce projet, là on remet clairement les titres des morceaux. La démarche avec Cheeko, c’était de faire en sorte qu’il s’approprie tellement le morceau en rappant que les gens pensent qu’il s’agit d’un nouveau morceau.

C’était assez amusant car quand on a envoyé le projet à des gens, ils m’ont demandé comment j’avais fait pour produire des morceaux comme ça avec le son de l’époque. Mais là je n’ai pas produit, c’est vraiment plus un travail de sélection. Il y a plein de morceaux qui sont tombés aux oubliettes parce que tout le monde écoute de la musique électronique maintenant. J’adore la musique électronique, mais je trouve que c’est quand même bien d’écouter des musiques organiques.

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« (…) le fait d’être chez soi et d’être dans un autre environnement pour travailler fait que tu es parfois plus à l’aise que de bosser devant quelqu’un. Ça fait sortir d’autres choses (…)  »

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US : Qu’a apporté selon toi le home studio ?

B : Le home studio s’est développé à fond, on a accès a beaucoup plus de sons et de bases chez nous sans avoir à dépenser des fortunes.

Et puis le fait d’être chez soi et d’être dans un autre environnement pour travailler fait que tu es parfois plus à l’aise que de bosser devant quelqu’un. Ça fait sortir d’autres choses et en plus tu peux revenir dessus, ce qui n’était pas possible avant en studio d’enregistrement.
Comme c’est du numérique, tu peux passer un mois à construire le même morceau avec des arrangements. Ça le rend beaucoup plus complexe.

On voit aussi de plus en plus de musiciens qui deviennent beatmakers de nos jours. J’ai fait 10 ans de piano, et même si j’ai arrêté ça m’aide beaucoup. Je suis super content que ma mère m’ai fait faire ça quand j’étais jeune. Ça m’aide à entendre quand quelque chose est juste ou faux, et ça me permet aussi de rejouer des trucs que j’entends. De nos jours, avec la complexité mélodique que prend le beatmaking, c’est un atout majeur.

US : Je trouve que le beatmaking est au cœur d’un mélange culturel. On l’entend d’ailleurs sur l’album Kasablanka. Est-ce quelque chose que tu recherches dans ta musique ?

B : J’adore ça ! Dès que je pars en voyage ou en tournée à l’étranger, ma première priorité c’est d’aller dans un magasin et de trouver les disques de l’endroit. C’est ce que j’ai fait en Turquie comme à chaque fois que je suis parti en voyage. Tu trouves des disques de fou, des gammes que tu n’as pas du tout l’habitude d’écouter et ça t’ouvre des portes assez incroyables. J’adore sampler des musiques des années 70, de la soul, du jazz ou de la funk, mais je trouve que dans les musiques du monde, beaucoup de choses n’ont pas encore été vraiment exploité.
Il y a tout de même des mecs qui font ça depuis super longtemps, comme par exemple Onra dans Chinoiseries ou les Chemical Brothers avec « Galvanize ».

Ce qui enrichit aussi c’est les autres. On est plus fort à plusieurs que tout seul, on a toujours à apprendre de l’autre, et c’est pour ça que je fais parti de plusieurs groupes. A plusieurs, on fait des trucs que je n’aurais jamais fait tout seul. J’apprends de leurs techniques et je m’enrichis, tout comme les autres s’enrichissent de mes techniques.

US : C’est pour ça selon toi que l’on ressent encore beaucoup cette idée de crews et de famille comme dans le hip-hop d’origine?

B : Oui, et à ce sujet, j’ai monté deux groupes privés : l’un où j’y ai réuni les ingés son et l’autre les producteurs de France que je connais. J’ai fait ça parce que j’adore faire des trucs avec les gens, mais c’est aussi parce que j’ai l’impression qu’en France, tous font leurs petits trucs dans leur coin. Ils n’ont pas trop envie de partager parce qu’ils ont peur qu’on leur vole leurs idées, ce que je peux aussi comprendre.

Je ne suis pas du tout comme ça. J’ai crée ce forum pour partager et on commence à être assez nombreux dessus. Dès que j’ai un truc nouveau et intéressant, je le mets à dispo de tout le monde. Il y a tout le temps des gens qui postent aussi et je trouve ça super bien.
Pourquoi pas finalement organiser une réunion de beatmakers et discuter de tout ça pour créer des interactions entre eux dans le futur.

Après il y a des gens qui préfèrent être seuls. Le beatmaking reste quand même une démarche assez personnelle et c’est dur de faire rentrer quelqu’un dans son environnement. Il faut vraiment avoir confiance en quelqu’un pour produire avec lui.

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« Il faut qu’un live reste centré sur les artistes. C’est cool si tu as un truc qui accompagne ta performance et que ça la met en valeur. »

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US : 
Tu disais tout à l’heure qu’un morceau pouvait beaucoup plus être travaillé maintenant, et pourtant les gens semblent y accorder moins de valeurs. Pourquoi selon toi?

B : Je pense que quand tu crées un morceau maintenant, il est voué à ne pas durer longtemps. Tu fais des musiques avec les sons du moment, et ça en fait quelque chose de très daté quand tu le réécoutes plus tard. Je ne sais pas si ça te l’a déjà fait mais ça m’arrive avec des morceaux que j’ai adoré quand ils sont sortis, et pourtant quand je les réécoutes deux ans plus tard, ça fait vieillot.

Ce qui va venir sauver ça, je pense, c’est le fait que dans ta musique il y ait quelque chose d’organique, que ce soit samplé ou joué. Par exemple, dans 50 ans on utilisera toujours la guitare. Donc si tu l’intègres en la jouant ou en la samplant, ton morceau sera moins daté et s’inscrira plus dans la longueur.

Tu vas moins faire un pic d’audience sur le coup, mais ce sera surement plus intemporel. J’essaye de produire dans cette démarche là. Je préfère faire des morceaux qui durent, mais c’est super difficile à faire parce que tu peux vite être excité à l’idée de ne faire que des trucs du moment qui sur le coup peuvent paraitre plus impressionnant.

US : Chez Nowadays, vous travaillez le visuel des lives. Il y a du mapping vidéo et je sais que sur la dernière date, il y a des mecs qui sont venus danser aussi. Pour toi c’est important tout ça sur du live?

B :
Oui pour moi c’est très cool, ça apporte toujours un truc en plus. Il faut juste doser avec parcimonie parce que ça peut vite tourner à des gens qui regardent l’écran pendant une heure, et là c’est contre-productif. Il faut qu’un live reste centré sur les artistes. C’est cool si tu as un truc qui accompagne ta performance et que ça la met en valeur. C’est moins cool si c’est un truc qui est fait pour cacher quelque chose de moyen. Il faut arriver à faire en sorte que ce soit là à certains moments, et puis qu’à d’autres il n’y ait pas du tout de vidéo ou juste un fond.

US : Tu aimerais mettre quoi en place dans un live à l’avenir?

B : Il y a plein de choses à faire. Je vois ça pratiquement comme du théâtre, c’est-à-dire que de plus en plus il ne va pas seulement falloir jouer ta musique sur scène. Il va falloir la mettre en scène, qu’il se passe des trucs. Je pense que les gens trouvent un live bien quand il y a un truc de ouf qui se passe et que c’est presque de la magie, quelque chose auquel ils ne s’attendaient pas du tout sans forcément mettre des milliers d’euros.

Le meilleur souvenir de show dont je me rappelle, c’était un concert d’Hocus Pocus à la Maroquinerie. A un moment, les zikos ont fait comme s’ils se passaient la musique : deux mesures le bassiste, deux mesures le guitariste, etc, et le son tournait comme ça, et de plus en plus vite. J’ai trouvé ça magique et hallucinant. Et j’avais senti cet engouement aussi dans la foule.

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« J’avais un autre projet avec Jukebox Champions avec qui j’ai tourné pas mal dans le monde entier (…) On a eu envie de monter un show qui n’avait jamais été fait et qu’avec des MPC.  »

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US : On te voit moins sur La Fine Equipe ces derniers temps, pourquoi?

B :
Oui, j’avais un autre projet avec Jukebox Champions avec qui j’ai tourné pas mal dans le monde entier. On est allé en Nouvelle Calédonie, et à plein d’autres endroits.

En fait, j’étais sur la tournée d’ASM avec Fade en tant qu’ingénieur du son. On a commencé à parler de MPC et on s’est retrouvé sur pas mal de choses. On a eu envie de monter un show qui n’avait jamais été fait et qu’avec des MPC. C’est d’ailleurs pour ça que le show a marché, parce que c’était vraiment un truc spécial. Je me suis éclaté à faire ce projet et je ne pouvais pas être au four et au moulin, tourner avec La Fine Equipe et Jukebox, il fallait faire un choix. Du coup les gars ont monté une tournée sans moi, ce qui est normal. Mais je continue à faire des morceaux avec eux de toute façon. Notamment sur Boulangerie 3, la dernière compil’ Nowadays avec Tigerz, et j’ai une autre musique qui viendra aussi sur la prochaine compil’. Je fais aussi le mastering de quasiment tous les artistes Nowadays.

Des projets sont dans les tuyaux avec La Fine Equipe mais pour l’instant, je ne peux pas en dire plus.

US : Veux-tu rajouter quelque chose pour terminer ?

B : Comme je n’aime pas me limiter qu’à un seul projet en musique, j’en fais aussi un en ce moment avec Gaël Faye et Guillaume Poncelet qui s’appelle Rythme et Botanique. Guillaume sera au piano, Gaël au micro et moi aux machines. On a fait une résidence fin mars et on tournera pas mal ensuite.

US : Tu auras les autres dates aussi avec Cheeko ?

B : Oui, et puis on a fait un clip pour un morceau qui s’appelle « Trop Cool » qui est sorti le 14 février pour la Saint Valentin et on vient de gagner la finale française  du Buzzbooster.

US : Merci d’avoir accepté cette interview !

B : Merci !

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