Philosophie sociale, de Laurent Ott

Publié le 09 mai 2016 par Onarretetout

Si le livre n’est pas d’une lecture difficile, il met néanmoins en question notre regard et notre engagement au point qu’on en sort un peu bousculé dans ses habitudes. 

Laurent Ott soulève des évidences. Par exemple : Pourquoi dit-on « travailleur social »? On ne dit pas travailleur plombier mais plombier. Et pourquoi dit-on « travailler la confiance »? Qu’est-ce que c’est que ce travail ? Et il renvoie la notion de travail à celle du jardinage : « dans le Social, ce qui fait le travail, ce n’est pas le cadre, ce n’est pas le geste, pas le poste, ce n’est pas le statut : ce sont les fruits. » Car ce livre s’adresse d’abord à celles et ceux qui sont engagés, s’engagent dans une action éducative et sociale.

Et il exhorte les intéressé-e-s à prendre à bras-le-corps la réalité humaine, « conjonction de ces trois dimensions essentielles de mon existence : la réalité, l’imaginaire et le langage ».

Donc, il est indispensable de penser la réalité, de la peser, de la prendre pour ce qu’elle est, non ce qu’on voudrait qu’elle soit. Et l’éducation passe par l’espace commun où ce qui arrive n’est pas ce qu’on attend, et l’espace commun peut être la rue. 

Sa réflexion sur la honte nous amène à reconnaître que c’est un « sentiment curieux qui fait que celui qui l’éprouve n’est jamais celui qui en est à l’origine ». De là, il aborde la discrimination, les stigmates dont il écrit qu’il convient non de dissimuler les hontes mais de « revendiquer les stigmates ».

Il s’agit de « penser pour ne plus ré-agir », de penser par nous-mêmes et de conquérir le « pouvoir d’exister ».

« Nous partageons sans doute avec tous les faibles du monde, avec les précaires et les Rroms non pas une étrange étrangeté, non pas une inassimilation irréductible, mais au contraire la capacité de tenir, de continuer, de reconstruire, de poursuivre, de retenter, de rebondir en un mot, dans une société où le moindre échec semble déclencher tous les autres. »

Laurent Ott, après avoir exercé professionnellement comme animateur socio-culturel, éducateur spécialisé, instituteur, directeur d’école est chercheur en Travail social, formateur. Il dirige actuellement la MJC-Centre social de Chilly-Mazarin (91).