Le premier mai ne fut pas qu’un jour férié et la fête du travail, ce fut aussi l’occasion pour le Président François de pondre un petit édito dans The Lancet, prestigieuse revue scientifique médicale. La nouvelle, passée très discrètement en France, n’en contenait pas moins une pépite : le pédalomane proposait ainsi de lutter « contre le prix prohibitif de certains nouveaux médicaments tout en favorisant l’innovation ».
Ah, il y avait longtemps qu’on n’avait plus vu le fier Chevalier de l’Ordre Républicain du Socialisme Décontracté monter sur son petit poney de combat pour aller abattre l’un ou l’autre moulin que le méchant monde capitaliste met régulièrement devant ses pas courtauds mais déterminés ! Et quel meilleur combat que celui contre la vie chère, la santé coûteuse et les médicaments ruineux, surtout lorsqu’on entre dans un troisième âge où leur consommation augmente notoirement ?
L’objectif du Président François est donc clair : il va falloir mobiliser les pays du G7 qui doivent se réunir les 26 et 27 mai prochains au Japon, afin de tacler cet épineux problème. Le pédalomane enthousiaste écrit donc :
« Pour la première fois cette année, une réunion des ministres de la Santé des sept pays les plus riches de la planète devrait amorcer un dialogue et une coordination entre autorités de régulation, industrie pharmaceutique et patients. »
Ah, sacré Hollande, si on oubliait qu’il est activement entré en campagne électorale, on pourrait presque admettre que cette nouvelle joute est noble. Bien évidemment, notre fier pédalonaute a fait le calcul simple qu’en défendant des prix de médicaments modiques, il flatte la partie de son électorat confrontée à des maladies coûteuses, et rejoint donc discrètement la Ligue contre le Cancer qui s’opposait dans une polémique récente à la Fédération des Entreprises du Médicament (LEEM) en la dénonçant pour des prix « inaccessibles à de nombreux malades atteints de cancer, les condamnant à une mort certaine ». En période électorale et alors que sa popularité est microscopique et décroissante, c’est une manœuvre compréhensible : réclamer des médicaments abordables peut toujours passer pour une excellente intention.
Or, l’enfer est, dit-on à raison, pavé de ces bonnes intentions, et François Hollande n’est pas le dernier des paveurs : pendant qu’il écrit son petit édito pour The Lancet, il semble oublier les petits effets indésirables de la « solution » qu’il préconise.
Oh, certes, pour le moment, notre marin d’eau douce à bouées intégrées se borne à demander l’ouverture des débats au sein du prochain G7, mais le but final est clair, déjà posé et explicité : mettre en place un processus décrété « irréversible » par le président lui-même afin d’aboutir à une régulation internationale du prix des médicaments.
Oui, vous avez bien lu : la régulationnite a encore frappé, et au-delà de nos frontières qui plus est. Pas d’échappatoire, pour obtenir des médicaments abordables, il faut un contrôle des prix, c’est évident.
Au lieu de laisser faire le marché et la concurrence, au lieu de mettre en place des solutions à la fois innovantes et peu coûteuses comme le Crowdfunding (oui, même pour le cancer), au lieu d’assouplir les normes existantes, étouffantes, ou d’en ralentir l’avalanche qui interdit la mise sur le marché de solutions pourtant éprouvées, on choisira de tout réguler encore un peu plus. Il sera alors bien plus simple (et moins coûteux) pour une Big Pharma de s’entendre avec l’un ou l’autre élu pour s’assurer d’un confortable monopole sur un produit, ou un prix garanti judicieusement placé dans sa fourchette de rentabilité.
Cependant, ces libéraux auront tort, parce que l’idée vient d’un champion du Camp du Bien, qu’elle part d’une Bonne Intention, et qu’elle est destinée à sauver des vies. En conséquence de quoi, le capitalisme de connivence n’aura pas lieu. C’est comme ça.
À présent, je sens que les mêmes libéraux viendront me seriner que le contrôle des prix entraîne régulièrement des pénuries et un étranglement de la concurrence. Pfouah ! Individus égoïstes de peu de foi ! Tout le monde sait que les expériences de régulation de prix qui n’ont pas fonctionné doivent exclusivement leur échec à la mauvaise volonté du peuple, à l’existence de salauds de riches accapareurs et autres spéculateurs aux doigts crochus. Si le socialisme ne fonctionne pas, si le collectivisme s’écrase avec la misère des peuples et la mort des révolutionnaires, c’est parce qu’on n’est pas encore allé assez loin. À chaque fois. Pas de bol, que voulez-vous.
Avec Hollande comme Grand Timonier, nul doute que les négociations aboutiront à un Nouvel Ordre Mondial du Médicament, doté d’une Administration Efficace qui planifiera avec justesse la quantité, la qualité et les prix des drogues qui seront distribuées avec équité.
Bien évidemment, pour qu’un tel contrôle fonctionne, il semble impératif qu’on empêche une fois pour toute les consommateurs d’aller acheter leurs médicaments au prix le plus bas, qu’on peut pourtant facilement trouver sur internet. Cela supposera donc qu’il faille surveiller un peu plus étroitement internet et les moyens modernes de communication, mais c’est à ce prix que votre Santé n’aura pas de coût.
Vous verrez, tout se passera très bien, et ça ira mieux.
La solution préconisée par Hollande n’est en réalité qu’un énième avatar d’un dogme bien établi, celui qui veut que la santé n’ait qu’un coût et surtout pas de prix, ce dogme qui a petit à petit introduit une telle distorsion entre les consommateurs et les producteurs que, dans le meilleur des cas, les dettes s’empilent sur le système à un rythme effrayant, ou, dans le pire des cas, les patients n’ont tout simplement plus les moyens de couvrir leurs besoins.
Avec la taxation tous azimuts, le contrôle des prix représente l’alpha et l’oméga des « solutions socialistes » lorsqu’on parle du marché. En effet, pour les tenants de cette idéologie mortifère, le marché ne sera jamais capable de répondre aux besoins de tous et il faut donc absolument y intervenir massivement et le réguler, même si toute l’Histoire prouve le contraire et démontre l’erreur dramatique que constitue cette posture. Hollande, socialiste parfaitement dogmatique, ne déroge pas à la règle et n’hésite donc pas à tenir cette posture et proposer, encore une fois, cette « solution socialiste ».
Et en définitive, le problème n’est bien sûr pas qu’il propose cette « solution », mais bien qu’elle puisse s’étaler dans une revue scientifique de valeur qui ne devrait pas s’embarrasser de politique surtout lorsqu’elle a été prouvée catastrophique et qui devrait s’en tenir aux faits, peu tendres pour les aventures collectivistes.
Le sillon est donc tracé, les graines seront plantées, et, soyez-en sûrs, le bon gros socialisme fleurira avec vigueur. Franchement, qu’est-ce qui pourrait bien foirer ?