L'Irlande : non, c'est non !

Le résultat du référendum irlandais a résonné comme un coup de tonnerre dans le Landernau politique. Il y avait bien eu un coup de semonce avec un sondage mettant le non en tête, mais tout le monde se persuadait que ça allait bien se passer. Mais l'Irlandais est têtu (comme dirait Thierry Rolland) et il s'est arcboutait sur ses positions.
Les analystes étaient pourtant confiants car ils nous avaient annoncé qu'avec une participation dépassant les 40 %, le oui devait l'emporter. Elle a été au-delà des 50 % et c'est le non qui a gagné !  Comme quoi, nos experts sont comme tout le monde : ils ne savent rien, mais ils vendent un savoir illusoire aux médias avides de paroles pour combler les blancs à l'antenne. Qu'importe si c'est une bêtise, du moment qu'elle est scellée au coin de l'avis d'expert. Il sera toujours temps de se retourner sur les erreurs commises en condamnant les mêmes experts. Ca fera un nouveau sujet pour meubler le vide intersidéral proposé à longueur de journées.
Ce refus sonne comme une condamnation à mort pour le traité de Lisbonne car il est l'émanation du peuple. Le seul peuple ayant eu l'insigne honneur de choisir son destin a refusé ce bricolage pour contourner les échecs du traité constitutionnel. Les politiciens de l'Europe entière se lamentent ce matin de ces abrutis d'Irlandais qui ne comprennent rien aux arcanes de la concurrence libre et non faussée, du libéralisme étendu à tous les services et des harmonisations bruxelloises. Quelle idée saugrenue de demander l'avis aux gens. C'est pourtant connu qu'ils ne sont pas qualifiés pour avoir un avis digne de ce nom. On ne demande son avis au peuple que si on est certain qu'il votera comme il faut ! C'est bien pour ça que Sarkozy veut éradiquer l'obligation de référendum pour tout nouvel entrant dans l'Union Européenne. Lui qui a essuyé tant d'échecs avec les référendums, que ce soit avec l'Europe ou avec la Corse !
Comme le premier ministre irlandais avait clamé imprudemment qu'il était hors de question de revoter en cas de refus, l'Union est dans l'impasse. Malgré tout, on annonce partout que les ratifications vont se poursuivre. On va faire semblant qu'il ne s'est rien passé. On nous a déjà fait le coup avec le précédent traité avec le résultat qu'on connait.
Pourtant, les institutions actuelles nous paralysent avec cette règle de l'unanimité. Il suffit que Malte ou le Luxembourg ne soient pas d'accord pour qu'on ne puisse rien faire. Alors, instituons juste la règle de la double majorité des pays et des populations et ça permettra d'avancer enfin. Voilà un beau chantier pour notre omni-président avec la présidence de l'Union qui se profile dans deux semaines. Un cadeau dont il se serait bien passé à mon avis.
Au pire, il aura toujours comme satisfaction la sortie du nouvel album de Carla Bruni !

Dominik