Luxe, calme et volupté atelier bric à book numéro 24

Finalement, il ne fallait pas grand-chose pour être heureux, c’est ce qu’elle était en train de se dire en contemplant la vue. Cette plage immense, calme de fin de journée, se laissant bercer par son chant, son mouvement.

Tous les appareils, gadgets du monde ne pourraient la faire sentir aussi bien. Pourtant, elle avait eu peur de cette déconnexion, de couper ce fil à la patte des nouvelles technologies, pas d’internet, facebook ou réseaux sociaux pendant quelques heures. Une petite detox avant l’été pour reprendre goût à l’essentiel et buller, ne plus être dépendant de la musique qui t’annonce un message, un commentaire ou un like.

Au départ, elle n’avait pas eu l’impression qu’elle était accro et puis la semaine dernière, elle avait oublié son portable à la maison. Panique à bord, elle n’allait pas pouvoir être joignable de la journée, passée l’angoisse du début, au fil des heures, elle se sentit mieux. C’est comme ça qu’avait germé dans son esprit cette petite escapade en Charente maritime, sans ordi ou portable.

Pas de photo en train de prendre le train, de lire, boire un café ou manger une glace. Finalement, c’était pas mal de se retrouver seul, sans réfléchir à ce qui était en train de se passer dans le monde ou sur la toile. Elle ne se sentait même plus coupable et ça lui faisait un bien fou. Repasser à un papier et un crayon pour définir et partager ses émotions c’étaient pas plus mal, photographier dans sa mémoire plutôt que sur son écran tactile aussi.

Ces nouvelles technologies sensées être libératrice devenaient de plus en plus aliénantes, on voit un mail du boulot, on se dit non,on est vacances. Mais on craque, on ne sait jamais si c’est important et ça l’est toujours. Du coup, on se grignote quelques heures de plaisir alors que pour la reconnaissance on repassera. Il va falloir qu’elle se mette en place un code de conduite, passer 19h plus de consultation de mail boulot et interdiction de répondre le dimanche, weekend ou vacances. Peut être que si elle générait un message qui prévient les gens qu’elle n’est pas joignable ça l’aiderait. C’est ce qu’elle n’avait cessé de ressasser dans le train. Enfin tous ça lui paraissait si vain, futile face au bien être qu’elle ressentait devant cette vue.

Ce camaïeu de couleur, de gris et de bleu, l’impression de ne plus avoir d’horizon et ce sentiment de liberté qui grandissait à chaque inspiration. Cette sensation de déconnexion et en même temps d’être vraiment présente au moment, de le savourer. Loin des faux semblants, de la photo parfaite. D’apprécier cette beauté qui s’offrait devant ses yeux, ça c’était vraiment un luxe, un cadeau de la vie, ce calme qui enfin dans sa vie tourbillonnante l’envelopper et lui permettait à nouveau de rêver. L’impression d’être en harmonie avec la nature, elle avait toujours trouvé ça stupide comme expression, mais là en cet instant, elle comprit sa signification.