Il paraît que Paul Ricoeur était son maître, qu’il l’aurait «rééduqué sur le plan philosophique». Ce «maître» disait: «Quand on parle du passé, soit on oublie, soit on rabâche.» Ajoutons que, pour certains, les grandes dates sont des fourre-tout dignes des vulgaires supermarchés, un mélange infâme où tout s’entrechoque volontairement, sans repères ni sens.
Quand Nicolas Sarkozy glorifie Guy Môquet. Quand Marine Le Pen ose puiser ses références verbales chez Jaurès et de Gaulle. Quand Manuel Valls se compare à Clemenceau. Quand François Hollande se permet de modifier la nature même des commémorations du 11 Novembre. Ou quand Macron s’empare de Jeanne à des fins très personnelles. Attention danger: ce genre de mésusages des faits historiques qui promeuvent l’apologie d’une France éternelle d’hier nous éloigne souvent de la République de demain.
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 9 mai 2016.]