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Le 8 mai tout d’abord. Pour la majorité des Français, c’est avant tout la date de la capitulation allemande devant les troupes alliées en 1945. Une date représentant la fin de l’occupation, la liberté et qui met un terme à l’horreur de 5 années de guerre.
Pour les Algériens, c’est le contraire, la date du 8 mai résonne amèrement à leurs oreilles et rappelle que ceux qui ont subi le pire peuvent le faire vivre dans la foulée à d’autres sans aucunes remises en question, sans même voir l’horrible absurdité de la situation. Le 8 mai 1945 marque en Algérie, le début de manifestations tout d’abord organisées pour fêter la victoire des Alliés mais qui deviennent rapidement indépendantistes. Encore aujourd’hui, il n’est toujours pas possible de connaître le nombre exact de victimes algériennes, mais Français et Algériens sont d’accord sur plusieurs milliers d’assassinats.
Vous n’en voudrez pas à l’Orléanaise que je suis de rappeler dans la foulée que le 8 mai fut avant tout la victoire de la Pucelle face aux Anglais, en 1429. Épisode majeur de la Guerre de Cent ans, le siège d’Orléans et la victoire de Jeanne d’Arc et de ses compagnons face à la perfide Albion changea le cours de la guerre et par conséquent de l’histoire.
Enfin en 1985, le Conseil européen décide que le 9 mai sera désormais la journée de l’Europe rappelant ainsi la date de la déclaration Schuman du 9 mai 1950, considérée comme le texte fondateur de la construction européenne. L’occasion est trop belle pour certains de publier leur avis sur ce qu’est devenu l’Europe depuis 66 ans. Classiquement, on donnera la parole aux pro et aux anti européens, sans originalité.
La liste des événements marquants pour ces deux dates est lourde de symboles. C’est par conséquent évident que nos politiques se raccrochent à ces métaphores pour essayer de les faire parler à leur avantage. C’est ainsi que le ministre français de l’Économie, le sémillant Emmanuel Macron est aujourd’hui l’invité d’honneur des fêtes johanniques orléanaises. Dans l’art de brouiller les pistes, celui-ci est assez doué. Orléans est actuellement une ville dirigée par la droite et plus précisément par un des représentants de Les Républicains. Le toujours socialiste - pour l’instant - Macron y a fait un discours pour rappeler que les valeurs républicaines appartiennent à tous et pas particulièrement à un peu. La Pucelle d’Orléans a depuis longtemps été récupérée par le Front National et Macron proteste! S’il veut que son épouse soit choisie en 2017 comme prochaine Jeanne d’Arc, il va vraiment falloir qu’il joue du piston. Celui qui désormais préside son propre parti En marche! semble lui aussi vouloir utiliser l’image de résistante, de combattante, de juste de la Pucelle. Il n’ira pas jusqu’à l’image de martyr espérons-nous? Rappelons que la jeune femme a été brûlée vive après avoir été livrée par les Bourguignons aux Anglais en 1431, ne lui ayant sans doute pas pardonné la défaite d’Orléans. A l’époque, le roi de France n’avait rien fait pour sauver celle qui l’avait aidé à conserver son royaume. Y-a-t-il des messages là aussi à comprendre, des symboles à analyser et à réutiliser? Rien de très original de la part d’un homme qui voudrait incarner le vent nouveau que chacun rêve de sentir souffler sur la France. On prend du vieux et on recommence. Décidément les nouveaux comme les anciens ne semblent pas encore avoir compris que cette forme de politique est dépassée et qu’il est urgent de proposer un nouveau modèle de société. Si Macron se croit original en s’affichant avec son épouse qu’on n’oubliera pas de noter beaucoup plus âgée que lui, dans tous les magazines people de France et de Navarre, il a encore du chemin à faire en communication. C’est ringard à mourir et cela ne fait pas rêver… même pas celles qui ont l’âge de madame Macron!