Le chauffeur de taxi suspecté d’avoir égorgé une jeune femme de 27 ans dans son studio de la rue Gautier a reconnu son implication dans le meurtre. Le 27 mai, cette prostituée, qui se faisait appeler Alice, avait reçu des coups de couteau avant d’avoir la gorge tranchée. Arrêté jeudi, le suspect a indiqué le lendemain au juge d’instruction avoir été présent dans l’appartement de la victime le soir du drame. Mais il a précisé avoir bénéficié de la complicité d’un autre homme, comme l’a révélé la «Tribune de Genève.» Une piste que les enquêteurs doivent à présent remonter.
De nationalité marocaine et âgé d’une quarantaine d’années, le prévenu a été inculpé d’assassinat. Il connaissait la jeune femme depuis plus d’un an, comme le prouvent les coups de fil qu’il a échangés avec elle. Il entretenait avec elle une relation suivie, peut-être de nature amoureuse. La police a retrouvé ses empreintes et des traces de son ADN sur le cadavre et sur l’arme du crime. Jusqu’à présent, l’individu n’était pas connu des services de police.
Source : http://www.lematin.ch/fr/actu/suisse/prostituee-egorgee-aux-paquis-l-inculpe-avoue_9-176985
Sonia* en est sûre: le meurtre de la prostituée égorgée le 27 avril aux Pâquis était évitable. Proche du suspect numéro un, Sonia nous révèle que ce quadragénaire marocain était connu des services de police pour deux cas présumés de violence conjugale.
Selon nos renseignements, les gendarmes ont été alertés en 2007 et à la fin du mois de mars dernier: «Il avait des problèmes de drogue depuis plus d’un an alors qu’il était chauffeur de taxi», affirme cette femme qui le connaît depuis plusieurs années. Et d’évoquer des menaces de mort proférées envers «son ex-femme et envers d’autres personnes. La police était au courant. Depuis quelque temps, il était devenu complètement fou. Personne n’a agi avant que ce drame n’arrive.»
Mais un mari, présumé violent, devient-il pour autant un assassin? «Non, explique un policier. En plus, nous avons environ une quinzaine de signalements par mois de violences conjugales, on n’a pas les moyens de faire quelque chose à chaque fois.» Avocate spécialisée sur la question, Me Lorella Bertani déclare que «beaucoup d’hommes violents ne sont jamais passés au meurtre. Mais la plupart des meurtres sont le fait d’individus ayant été violents avec des femmes.» Sa consoeur Me Anne Reiser constate que «la police ne peut véritablement agir que sur plainte. Sinon, quand elle se déplace sur les lieux, elle garde le cas dans ses fichiers et c’est tout.» Mais l’avocate reconnaît que la détection des cas d’hommes dangereux n’est pas aisée: «On peut se tromper. Parfois la visite d’un gendarme chez l’individu violent suffit à calmer le jeu. Souvent, la police s’en va et les violences reprennent.»
Moyens insuffisants
Me Reiser estime que le phénomène ne concerne pas seulement les forces de l’ordre: «Il faudrait systématiquement éloigner les deux protagonistes durant 24 heures et par la suite surveiller le conjoint violent, notamment via la police de proximité. C’est vrai que les moyens sont insuffisants et que nous sommes dans une société éclatée où les voisins rechignent à réagir.» Dès lors, quelles solutions envisage-t-elle? «Un médiateur de quartier, qui ne soit pas un policier. Ce serait une sorte de point fixe en contact avec les forces de l’ordre et les services sociaux. Dans une société toujours plus multiculturelle, il faut agir avec tact.»
A noter que les signalements pour violence conjugale, évoqués par Sonia, n’ont pas abouti à une condamnation. Le seul antécédent de l’inculpé, présumé innocent, concerne une violation de la Loi sur la circulation routière.
*Prénom d’emprunt. Identité connue de la rédaction.
Source : http://www.tdg.ch/pages/home/tribune_de_geneve/l_actu/geneve_et_region/detail_geneve/(contenu)/236869