Un film de Nick Cassavetes (2009 - USA) avec Cameron Diaz, Jason Patric, Abigail Breslin, Sofia Vassilieva, Alec Baldwin, Joan Cusack
Mélo et pathos.
L'histoire : Kate a quinze ans. Elle est leucémique et elle va mourir. Pourtant, sa petite soeur, Anna, avait été conçue artificiellement pour être compatible avec elle et lui fournir sang, plaquettes, moelle osseuse, etc... Mais là, Anna en a marre ! On veut désormais lui prendre un rein pour sauver sa soeur agonisante, et elle ne veut pas. Elle va même voir un avocat pour défendre ses droits : disposer librement de son corps. Sa mère est effondrée, son père tente de comprendre...
Mon avis : Oh punaise, c'est pas possible... J'aime bien Nick Cassavetes d'habitude... Et puis l'histoire, même si elle s'annonçait forcément larmoyante, portait des thèmes super intéressants : l'enfant-médicament, la gosse qui intente un procès à ses parents, c'était une sacrée idée et une belle réflexion, sur une pratique qui s'impose doucement mais sûrement dans notre société. Et les commentaires public étaient enthousiastes... Vous voyez ? Je ne fais pas exprès quand même !
Oui, MAIS, le film reste assis entre deux chaises. Faire pleurer dans les familles ? Ou bien illustrer la difficile question de l'enfant fabriqué, de l'enfant-otage ? Les deux, mon capitaine. Mais évidemment, quand on court deux lièvres à la fois, il faut bien en choisir un au final. Va pour le mélo donc.
Mon mari, ce grand sentimental, a versé sa larmichette. Pas moi. Waouh... qu'est-ce ce que je suis dure ! Mais c'est surtout que j'étais occupé à observer le travail outrancier des maquilleurs (vous vous demandez souvent pourquoi j'insiste sur des films nuls... mais j'adore "décortiquer" défauts ou qualités) : un peu plus de sobriété n'aurait pas nui et le film m'aurait peut-être davantage touchée. Là, on dirait qu'ils ont copié sur L'exorciste, en fait : peau blanchâtre, yeux tout noirs et tout cernés, bleus partout pour montrer que la peau est nécrosée... Ah ben si on n'a pas compris que la gosse est sur le point de mourir, on est vraiment idiot.
Et puis les personnages sont assez caricaturaux, ou bien mal dessinés. La mère est fort bien interprétée par une Cameron Diaz à contre-emploi (et ça lui va bien) mais elle est tout de même zarbi : elle se consacre uniquement à son enfant malade et ne voit pas du tout ce que les autres, délaissés, encaissent ; voire elle les enguirlande car ils ne montrent pas assez de compassion. Pour Anna, on sait à peu près ce qui se passe dans sa petite tête, mais on a un peu de mal à comprendre sa détermination à laisser tomber sa soeur ; autant son discours "je veux être en bonne santé moi !" est plausible, autant on devrait la trouver psychologiquement rongée par la culpabilité (mais... bon... spoiler). Le frère, lui, se balade dans les quartiers chauds de Los Angeles la nuit pour faire prendre l'air à son spleen ; cela n'inquiète pas ses parents, qui ne lui posent aucune question. Dur. Le personnage devrait être plus violent, plus rebelle, par rapport à ce que la famille vit. C'est très bisounours là-dedans. A commencer par le père, qui semble le plus objectif... mais pas assez ferme vis-à-vis de sa femme qui est cinglée, faut bien le dire, et bousille la famille entière.
Bref, j'ai trouvé ça bancal.
Plus intéressant est le discours sur "l'enfant médicament". Je ne le savais pas, mais la technique est désormais autorisée en France, entre autres pays. Et j'avoue que je trouve ça franchement sordide. Comme la petite fille (mais malheureusement la fin du film remet tout en question...), je ne comprendrais pas qu'on me prévoie d'avance une vie de souffrance pour offrir de ci de là un morceau de mon corps, pour sauver un autre enfant, aîné ; lui il guérit pendant que moi je m'affaiblis. C'est vraiment spécial comme projet, j'ai du mal à piger que ce soit admis par la société. Et je ne parle pas des conséquences psychiques ! C'est invraisemblable, cette histoire... C'est horrible d'imposer à un gosse non seulement la santé déclinante mais en plus des tonnes de culpabilité s'il montre le moindre ras-le-bol quant à l'amour exclusif que ses parents montrent à l'aîné... Cette question mériterait des films plus élaborés, qui aborde vraiment la question, avec toutes les conséquences, physiques, psychologiques, éthiques. On notera aussi que le problème de "la mort souhaitée" est aussi évoqué... mais tellement survolé...
La presse n'a pas été tendre. Pour une fois, je ne suis pas surprise. DVDDrama résume assez bien la situation : "Malgré une grande performance de Cameron Diaz, (...) Nick Cassavetes n'ose pas l'originalité pour atteindre une pertinence qui n'aurait que donner davantage de force au film". Les spectateurs semblent être tombés dans le piège, ont pleuré abondamment et arrosé le film d'étoiles. Mais seulement 90.000 entrées.